Les 5 faits à savoir avant de tourner un film

On ne peut savoir à quoi s’attendre si on a jamais fait de tournage.

C’est à la fois le pire et le plus incroyable des moments. On y vit des moments d’une incroyable intensité et il faut avoir le cœur bien accroché pour pouvoir en sortir indemne.

Des tournages, je commence à en avoir fait un bon nombre, et il y a des faits qui reviennent systématiquement. C’est des constantes, dans le chaos apparent d’un tournage, il y a des régularités, des instants qui sont cycliques, et c’est de ça dont on va parler.

1 – Il y aura forcément un problème

Comme dit plus haut, un tournage n’est donc pas un long fleuve tranquille, loin de là. Et on a beau se préparer il y en aura toujours. Toujours, c’est inévitable. Cependant si on ne se prépare pas, beaucoup seront mortel pour votre projet.

L’idée c’est d’accepter le fait qu’il y aura des problèmes, voir même les attendre, pour pouvoir y remédier au plus vite. Parce que la solution vous la trouverez. Vous la trouverez sinon il n’y a pas plus de tournage ! Et comme vous vous êtes galéré à le mettre sur pied ce tournage, rien ne vous arrêtera !

Donc ce problème vous le résoudrez :

  • soit en lui réglant son compte :

Ex : le comédien n’arrive pas à pleurer. Rien à faire, pas une larme, il n’est pas à l’aise et plus le temps passe, moins il l’est. Résolution possible : Vous lui masquez le visage, soit il place sa main sur le visage, soit il détourne le visage (comme par pudeur), soit vous le silhouettez le visage (utilisé dans « Un long Dimanche de fiançailles ») soit un autre comédien le prend dans ses bras (utilisé dans « le Parrain »). Notez que chaque solution est artistiquement intéressante, il ne faut jamais que la résolution soit : bon bah tant pis tu ne pleureras pas. Si vous vouliez qu’il soit triste, et que le fait qu’il pleure avait du sens pour vous, le retirer est un échec. Vous devez être astucieux pour surmonter le problème.

  • soit en le contournant :

Ex : Même exemple le comédien n’arrive pas à pleurer. Bien, le comédien a besoin de se ressourcer, de se recentrer. Dans ce cas, laissez le au calme et qu’il se prépare pour tourner cette scène dans une heure, ou le lendemain si vous pouvez. Pendant ce temps, tournez des inserts, ou préparez un plan de coupe éventuel, voir pensez à modifier la scène si vous sentez que le comédien n’y arriverait malgré tout pas.

Vous ne réglez pas le problème de manière frontal, vous contournez le problème.

Mais la meilleure solution reste encore :

  • la préparation

Ce genre de problème de comédien est clairement un problème, soit de casting, soit un problème de répétition. Quoi qu’il en soit c’est un problème d’amateur, et ce genre de problème se gommera au fur et à mesure.

Cependant en quoi la préparation vous aurez aidé dans un cas pareil ? Disons que dans le cas où vous soyez obligé de tourner avec un comédien bidon parce que, par exemple, il est une des conditions pour que le tournage se fasse. Soit. Dans ce cas là, vous savez d’avance que cette scène de pleure va être difficile, donc vous avez le temps en amont de préparer un plan pour contourner le problème. Possibilité en vrac :

  • Trouver un angle de vue qui donne l’impression qu’il pleure sans voir son visage.
  • Tricher avec la lumière.
  • Le faire pleurer de manière justifié hors champs parce que vous aurez modifié le script / rester sur le contre champ en cadrant l’autre comédien qui assure et qui est dans la réaction.
  • Amenez des oignons.
  • Amenez des larmes artificielles.
  • Amenez un ami comédien qui (assure) peut le coacher avant cette scène.
  • Avoir répété avant le tournage et peut être lui avoir permis de se dépasser.
  • Lui payer des cours de comédie (ou lui proposer d’en prendre).

Des problèmes, il y en aura. Le tout c’est de se préparer à les surmonter.

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2 – Il y aura forcément une dispute

A les conflits personnels ! Rien ne vous y prépare, surtout pas une école de cinéma, et pourtant il y en a dans tous les tournages. C’est évident, c’est même logique.

Alors pourquoi donc ?

Faisons une expérience pour comprendre ce qu’il se passe : prenons un nombre de personne au fort tempérament, avec des égos bien présents, plaçons les dans un lieu hors de chez eux, où ils doivent donner le meilleur d’eux même dans un temps le plus réduit possible, avec le moins d’argent possible, après s’être levé et couché respectivement plus tôt et tard qu’à l’accoutumé, tout en les sous alimentant. Faites en sorte que ces personnes soient le plus discipliné possible en leur donnant une hiérarchie médiévale, et des objectifs différents et demandez leur aussi d’être créatif.

Vous vous doutez de ce qu’il va se passer ? Ils vont s’enlacer ? Parfois oui ! Mais c’est surtout un panier de crabe.

Il faut donc bien s’entourer. Trouvez les personnes que vous pourrez faire entendre raison lorsque le bateau prendra l’eau et que la tension va monter. « Faire entendre raison » ne veut pas dire manipulable ou plus faible que vous, ça veut dire avec des idées (parfois différentes des vôtres) créative, mais surtout une personne qui a du sang froid. Pas un sanguin. Ces personnes même si elles peuvent redescendre aussi vite qu’elle monte. Elle monte souvent très haut, et sur un tournage, ça fait désordre, surtout si vous l’êtes aussi 😉 Donc des disputes oui, mais à froid. Une dispute qui monte dans les tours, n’est jamais bonne pour l’ambiance globale du tournage, pour vous si vous n’arrivez pas à rétablir l’ordre et pour les comédiens qui ont besoin de sérénité pour pouvoir se laisser aller à jouer.

Préparez vous à ce qu’il y ait des disputes, comme il est difficile de les anticiper, il est plus facile de bien choisir son équipe.

3 – Vous serez le seul à comprendre ce que vous faites

C’est une triste constatation, c’est que vous aurez beau en parler à l’équipe, leur faire lire le scénario, faire des storyboards, faire des réunions à n’en plus finir, personne ne verra le film comme vous le voyez.

C’est évident, et pourtant à chaque fois on se fait avoir, on croit qu’une personne proche de la création l’a compris. On est sûr que le premier assistant réalisateur, votre bras droit sur le tournage à compris, ou que le chef opérateur qui va vous sciseller l’univers lumineux de votre film vous comprend 5 sur 5. Et que dire des comédiens ? Avec leur sensibilité à fleur de peau, eux, ils incarnent les personnages du film, ils auront bien compris ! Désolé de vous décevoir mais la réponse est non. Chacun se fait son film dans sa tête, pour le meilleur et pour le pire, et toute cette petite équipe va devoir unir ses forces pour faire le meilleur film possible !

Ca pourrait être une catastrophe, si vous étiez un cas isolé, mais tous les réalisateurs sont soumis au même problème. Et quand on voit les chefs d’oeuvre qui en sorte, on se dit que ça marche pas si mal ! C’est la richesse des propositions que peuvent faire les corps de métiers qui vous propose leur vision du film qui enrichira votre vision initiale. Mais il ne faudra pour autant pas être surpris qu’il y ait aussi des propositions qui n’aillent pas du tout dans le bon sens, même si pour vous c’est l’évidence même que la proposition est hors propos. C’est le jeu. De même que c’est le jeu qu’il y ait une lutte d’influence pour récupérer la direction du film. Car chacun pense que sa direction est la bonne direction. Sauf que la seule qui vaille c’est la vôtre, la leur est sans doute très bien, mais ça ferait un autre film, le leur en l’occurance. Tout l’enjeu est de prendre ce qu’il y a de meilleur et de laisser ce qui n’a rien à faire dans votre film tout en le faisant comprendre sans froisser les égos.

Vous êtes le réalisateur, vous avez une vision, les autres membres ont la leur tout en pensant posséder la votre. Faites alors le tri, avec tact.

4 – Vous n’aurez jamais assez d’argent

C’est le nerf de la guerre. Oui. Tout peut être acheté et quand on fait un tournage on veut tout.

Mais la création se déploie dans la contrainte, et le budget en est une de taille. On se plaint souvent du budget, toujours trop étroit, pas assez extensible. Mais voyez plutôt là l’opportunité de trouver des solutions plus inventives pour atteindre votre objectif que celles, plus évidentes proposées avec de l’argent.

De plus il y a toujours moyen de contourner la case tune. Vous avez forcément un bien qui peut être mis au service de la personne qui possède le bien que vous convoitez. Echange de service. Ca a toujours marché pour moi. Evitez le : « on vous créditera au générique » premièrement ce n’est pas une faveur que vous faites à la personne en question, parce qu’à partir du moment où elle participe de près ou de loin à l’élaboration du film, vous avez une obligation morale de la créditer au film, même si elle vous a fait payer un service que vous espériez gratuit. C’est une question de respect. Donc le générique n’est pas une monnaie d’échange. Par contre vous avez peut être du matériel que vous pouvez mettre à disposition ? Vous avez peut être votre savoir faire que vous pouvez proposé à la personne en question ? Comme tourner une pub à l’oeil pour lui par exemple.

Des possibilités de troc sont multiples.

Vous pourriez me dire, le troc ça peut le faire pour récupérer un accessoire, une caméra, ou trépied mais pour un technicien ? S’ils demandent à être payés ?

Par expérience, je peux dire qu’il faut se méfier des techniciens soient disant « professionnels » qui demandent à être payés parce qu’ils n’acceptent plus les tournages bénévoles.

Précisions :

  • ce n’est pas parce qu’il y a argent, qu’il y a professionnel.
  • ce n’est pas parce qu’il y a gratuité qu’il y a amateur

L’idéal évidemment c’est de pouvoir faire son film dans les meilleurs conditions en rémunérant tout le monde. Mais avant d’atteindre son idéal, il est obligatoire, à moins d’avoir des alliés fortunés, d’en passé par le bénévolat. Mais ce n’est pas un problème insoluble, personne ne pourrait jamais commencer un film. Ce qui compte ce n’est pas l’argent, mais l’intérêt. Votre projet est passionnant sinon vous ne le feriez pas, alors faites partagé votre engouement à votre équipe. Des personnes malgré l’intérêt qu’elles ont du projet, s’en éloigne parce qu’elles veulent de l’argent ? C’était inévitable, ça fait parti des faits qu’il y a sur tous les tournages. Dans le cas de figure dont nous parlons il n’y a pas d’argent, mais quand vous ferez un film financé, des personnes quitteront le projet parce qu’elles estimeront ne pas être assez payées, c’est inévitable, et ce n’est pas uniquement l’apanage des petits projets.

Ce qui compte c’est ceux qui restent, et comment vous allez pouvoir leur rendre plus tard, quand vous le pourrez.

L’argent est, et restera systématiquement un problème, il n’y en a jamais assez. L’argent est un centre d’intérêt mais ce n’est pas le seul, trouvez ceux qui vous pouvez offrir et doublez les !

5 – Mais le fait le plus important

C’est un fait que j’ai pu constater sur tous mes tournages. Un fait étrange mais qui se confirme à mesure que je progresse dans mes films. Avant de vous dire ce que c’est, il faut d’abord dire une banalité.

Cette banalité, la voici : il faut tenir bon et ne rien lâcher.

C’est une évidence, si vous lâchez l’affaire, personne d’autre ne fera le film à votre place. C’est sûr. Mais derrière cette évidence se cache de la sueur et des larmes, et derrière ces mots anodins, beaucoup de gens les comprennent, mais en réalité peu de personne applique le principe.

Et quand je dis ne rien lâcher, ça ne veut pas dire être borné et se tenir mordicus à une idée vouée à l’échec.

Ne rien lâcher ne s’applique pas sur une idée, mais sur un objectif.

Il faut se fixer un objectif et naviguer jusqu’à lui. La navigation s’applique particulièrement bien à ce qui se passe lorsque vous souhaiter remplir votre objectif, vous allez avoir un revers de fortune qui peuvent s’apparenter à des bourrasques qui semblent vous éloigner de votre objectif, puis un récif qui nécessite que vous l’évitiez pour revenir dans le cap que vous vous étiez fixé.

Et donc, quand je dis, de ne rien lâcher, c’est à ce moment là, ce n’est pas garder le cap coûte que coûte alors qu’un récif arrive et que tout le monde vous dit de l’esquiver et que vous (par fierté) vous ne voulez pas changer de direction. Ce que vous allez réussi à faire c’est vous crachez sur le récif, c’est tout. L’idée est donc l’esquive, en écoutant ou non les autres, l’objectif ne se situe pas dans le récif mais dans la plage de sable fin que constitue l’arrivée. Soyez plus malin que les obstacles.

Maintenant que cette nuance est faite, je reviens sur le phénomène étrange qui m’arrive systématiquement :

C’est que le lieu d’arrivé est souvent plus beau que la destination prévue.

– Exemple

Ceci m’est arrivé. Je souhaite tourner dans un café. Je dois y tourner pendant une semaine.

Voici la liste des problèmes :

  • Je n’ai pas d’argent (ou peu)
  • Je suis jeune (en tout cas je l’étais) et ça ne donne pas confiance à un propriétaire de café qui peut se dire qu’on n’est pas assez responsable.
  • C’est un court métrage, ce qui revient à dire que tu es jeune et que tu n’as pas d’argent, mais pour les gens, tu tournes un film, donc tu en as un peu quand même. Donc ils sont pas forcément enclin à te faire un prix.
  • Je voulais tourner pas trop loin d’un endroit où je pourrai loger l’équipe, sous peine de frais délirant. Donc plutôt région parisienne.
  • Trouvez un café, c’est bien mais fallait il aussi qu’il est un esthétisme sympa. Rappelons qu’on tourne un film, pas un reportage.
  • Vu la difficulté de trouver un café, on s’apprêtait à tourner la nuit quand le café est fermé. Savoir qu’on va faire un tournage de nuit, ça ne fait pas faire des bonds de joie, c’est donc bien un problème.

Après cette liste de problème, je ne me suis pas démonté et j’ai cherché.

J’ai eu droit à des rires, des portes fermées au nez, on me disait que trouver un bar qui soit fermé, ça n’arrive plus depuis le moyen âge, c’est véridique, c’est à Vincennes qu’on me l’a dit, le seul endroit qu’on m’est proposé, c’est une buvette… et encore en été, hors nous souhaitions tourner en Février.

Ca s’annonçait donc bien mal parti. Après des semaines de recherches, un membre de l’équipe nous annonce qu’il a un plan avec un de ses amis qui est restaurateur. Il me dit que le lieu est convivial, ils font des raclettes.

Ok, pourquoi pas. Nous nous y rendons. Le lieu est à Paris, bon point. Par contre le lieu est entouré de bain vitré, pas cool pour tourner sans reflet, et surtout ce qui est chaleureux, c’est les gens, pas le lieu. Il est froid, allongé, en un mot : pas de charme. Pourtant, insiste mon technicien, il nous fera un super prix et il accepte qu’on tourne de nuit. Oui, mais c’est vraiment pas possible, le lieu n’est pas joli.

Plusieurs semaines passent quand un ami de mon premier assistant a entendu parlé d’un bar fermé en Février. Il était en région parisienne, vers Montargis. Le plan semblait cool, mais un peu loin par rapport à ce que j’avais pu envisagé.

Peu importe, je le visite. Mon ami qui était chargé de la prod me dit que c’est inutile de perdre du temps à aller le visiter, ce sera trop loin de faire des allers retours avec l’équipe, et loger dans le coin, trop onéreux. Je lui parle d’auberge de jeunesse, il me dit qu’il va chercher. Et comme aller sur place ne mange pas de pain, j’y suis allé.

Et là : le bar est magnifique, en bord de Marne, il a un cachet fou. Les propriétaires ? Super sympa !

J’en parle à mon prod qui tourne de l’oeil lorsque je lui dis qu’on va aller tourner là bas. Il faut y aller. Il m’annonce qu’il n’y a pas de d’auberge de jeunesse, et qu’il a calculé pour le logement sur place, et le cout est vraiment trop élevé. Je pense aux allers retours mais l’équipe risque d’être fatigué, on pense à tout, même au camping ! Mais en Février, c’est tendu !

Je suis sur le point de me dire que c’est peut être la fausse bonne idée. Je souhaite, jouer un dernier coup : je demande au propriétaire du café de Montargis, s’il y a un lieu pas cher où dormir autour de leur café. Et ils me répondent à l’unisson : « et bien ici ! » Je suis surpris, je n’avais pas vu qu’il y avait une aile au café qui possède des chambres, et pas qu’un peu, une bonne vingtaine ! Je leur demande fébrile combien ça coûte. Il me dise qu’il aime les projets artistiques, que le mien à l’air bien, et qu’il accepte de me les laisser gratuitement !

Récapitulons : Nous avons pu tourner finalement dans :

  • un magnifique café dont l’intérieur est décoré avec goût
  • un cadre extérieur sublime avec la Marne juste à côté
  • toute l’équipe loge sur place
  • nous avons la possibilité de tourner toute la semaine
  • nuit ET jour
  • et le tout gratuitement !

C’était largement au delà de mes espoirs. Et ce n’est pas tout ! Le propriétaire du café avait un père chef décorateur ! Donc dès que nous souhaitions réaménager son café, il savait pourquoi, et il nous aidait ! Et cerise sur le gâteau, le soir, le proprio nous payait des verres à l’œil !

Tout ceci est vrai. Et ce n’est pas un cas isolé, ça m’est arrivé sur tous mes projets.

Il est clair que déjà qu’on me riait au nez au départ, si d’entrée de jeu, j’avais dit que je souhaitais tout ce que j’ai eu finalement et dans les conditions dans lesquels je l’ai eu, on m’aurait pris pour un fou. Et pourtant je l’ai eu.

Fixez vous un objectif, soyez suffisamment souple pour esquiver les obstacles et quoi qu’il arrive, tenez bon, et continuez d’avancer !

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Bilan

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