Steve Jobs

Steve Jobs s’apprête à annoncer, lors d’une conférence en 1984, le lancement de son Macintosh 128k, mais voilà à quelques minutes du lancement rien n’est prêt et en plus des problèmes techniques, le privé s’invite également à la conférence, une ancienne relation a décidé de mettre la pression à Steve Jobs, à quelques minutes du lancement le plus important de sa carrière…

Steve Jobs est le 11ème film de Danny Boyle. Il sort en Février 2016 avec un budget de 30 000 000 $ et en a rapporté pour le moment 34 000 000 $ à travers le monde.

10 Films notables sortis la même année : The Revenant, Batman VS Superman, Le Livre de la Jungle, SOS fantômes 3, Alice au pays des merveilles 2, le Monde de Dory, Independence Day 2, Camping 3, Warcraft – le commencement, 8 Salopards

C’est parti pour le test.

Histoire

14 / 20

L’histoire est donc une biographie sur Steve Jobs, mais c’est une bio avec une prise de risque non négligeable, et une bonne dose d’audace. Vous voulez des preuves ? C’est parti.

Le sujet. Faire un film sur Steve Jobs, est ce une bonne idée ? L’informatique a toujours été clivant.

D’une part Apple de l’autre Microsoft. Donc les aficionados de Microsoft peuvent boycotter le film sous prétexte que le film parle de leur pire ennemi et qu’ils peuvent être en mesure d’avoir peur que le film soit une pub, une sorte d’hymne à Apple, ce qui, évidemment, est un risque.

De l’autre côté, il y a les pro Apple. Pour eux, Steve Jobs n’est pas juste un nom, c’est un emblème, un modèle à suivre, et pour certains un dieu. Et à l’heure où Apple se cherche un nouveau leader charismatique et une véritable direction novatrice, l’absence de Jobs laisse, effectivement, paraître qu’il n’était pas juste un porte étendard mais bien une pièce maîtresse. Donc connaître ce grand professionnel visionnaire semble une proposition alléchante qui va susciter beaucoup d’attente. Et d’un autre côté quand on suscite des attentes il faut être à la hauteur sous peine de décevoir.

Et enfin il y a tous ceux dont l’informatique (et ses termes techniques) font dormir ou s’en moquent éperdument. Et l’évocation du nom Steve Jobs ne les fait pas rêver voir les laisse indifférent. Donc choix délicat, loin d’être fédérateur.

Le deuxième point est qu’une bio sur Steve Jobs est déjà sortie il y a à peine deux ans et demi. Les spectateurs qui ont déjà été voir la première version, veulent-ils vraiment en savoir plus sur Steve Jobs ? Est ce que tout n’a pas déjà été dit ?

Et enfin ce film est une bio avec un parti pris très fort. On ne verra que les quelques minutes avant trois conférences essentielles pour la carrière de Steve Jobs. Il n’y aura pas le classique passage de l’enfance, ou de la mort, a priori incontournable pour une biographie. Donc non seulement on doit se limiter à trois conférences, mais en plus on assiste même pas à la conférence en elle même mais uniquement sa préparation. C’est un peu comme si on voyait un boxeur s’échauffer avant de rentrer sur le ring mais qu’on zappait le combat. C’est ce qu’on appelle de l’anti-dramatique et à notre époque c’est très très audacieux.

Tout va se jouer sur la manière de le raconter, c’est à dire la mise en scène et le scénario.

Une biographie formellement audacieuse.

Scénario

14 / 20

Comme annoncé plus haut, tout va se jouer ici.

Examinons ensemble le déroulement du film : la première conférence débute mal, le Macintosh ne veut pas, à l’allumage, dire bonjour. Steve Jobs y tient. Et ce que veut Steve Jobs DOIT arriver. Steve met la pression à son équipe, ils doivent trouver une solution, sous peine d’humiliation publique.

Il retourne dans sa loge suivit de sa collaboratrice incarnée par Kate Winslet. Il apprend par celle ci que son ex petite copine est ici avec sa fille. Mais voilà Jobs ne veut pas reconnaître cette fille. Une entrevue forcée va être organisée. Steve Jobs s’y révèle particulièrement désagréable et rigide. Pour ceux qui avait peur que ce soit un hymne à Jobs, qu’ils se rassurent, ce n’est pas le cas : il en prend pour son grade dès le début. Pour ma part, j’imaginais bien qu’il soit une sorte de tyran avec ses employés et sur le travail, mais j’ignorais qu’il était un salaud avec ses proches. C’est une facette qui sera régulièrement mise en avant dans le film et qui donne de l’épaisseur à ce personnage très particulier.

Le film insert des flash-backs habiles et présentés de manière nerveuse par un montage alternatif, on est pas dans le flash-back asiatique qui est une parenthèse d’une demi heure (comme Tigre et Dragon par exemple) ici le passage clef du passé est très ciblé et c’est uniquement des extraits de cette scène du passé qui sont alternés avec le présent pour donner un angle nouveau à la scène en cours. C’est bien vu et très bien inclus dans le film.

Le film s’organise sur le thème de la reconnaissance. Steve Jobs ne veut pas reconnaître sa fille, il ne veut pas reconnaître qu’il a mal agis en parlant de son ex-copine comme d’une traînée dans le Times, il ne veut pas reconnaître l’erreur du Mac, et plus important encore il ne veut pas reconnaître son équipe dans le succès d’Apple (l’Apple II) et notamment celui de Steve Wozniak. Enfin Steve Jobs a besoin d’être reconnu dans son succès d’Apple et ne supporte pas d’avoir été viré de sa propre boite alors qu’il estime être l’élément clef de la boite. Et on comprend qu’une des raisons de ce besoin de reconnaissance chez Steve Jobs vient du fait que ses parents n’ont pas voulu le reconnaître comme leur fils. C’est donc l’histoire d’un homme en mal de reconnaissance qui inflige aux autres ce que lui à subit.

Pas mal pour un film qui se contente de montrer que la prépa des conférences.

Le film progresse assez bien et une fois qu’on a compris qu’on s’en tiendra uniquement aux conférences, le film est très digeste, même si parfois ça parle très vite, et ça jargonne pas mal. Le film se centre plus sur la personnalité de Jobs et sa relation avec les autres et surtout sa fille qui devient le fils rouge de cette histoire. On y voit Jobs devenir de plus en plus père et de moins en moins l’enfoiré du départ. C’est assez bien fait et le film évite l’écueil des bons sentiments.

Malgré toutes ces qualités le film ne parviendra pas à fédérer tout le monde, déjà il égratigne l’image d’Épinal de Jobs, ensuite il n’épargne pas non plus celle d’Apple (et de ces utilisateurs) il est quand même dit dans le film : « Pourquoi est ce que les clients achèteraient Apple alors qu’il ne permet de presque rien faire, alors qu’IBM propose mieux et pour moins cher ? » Et Steve Jobs de répondre : « Parce que c’est beau. » Comprenez par là que chez Apple tout est dans le package et l’apparence, et qu’en réalité c’est pour le gogo m’as-tu-vu. Une leçon de marketing et d’humilité pour les acheteurs d’Apple.

Enfin le film ne satisfera pas non plus ceux qui souhaitaient savoir comment Steve Jobs est devenu Steve Jobs. On le comprend indirectement mais on ne s’y attarde pas. C’est un parti prit qui ne plaira pas à tout le monde.

Le scénario est original et assez malin, il comblera ceux qui veulent connaître l’homme derrière Apple, mais pas ceux qui voulait comprendre comment il a fondé Apple. Donc paris à moitié réussi.  

Lumière

12 / 20

On est dans le convenu. Rien d’exceptionnel. Alwin H. Kuchler ne prend pas de risque. Mais le résultat reste satisfaisant, il n’y a pas de grand loupé ou de faute de goût.

Du bon travail sans plus.

Direction comédien

12 / 20

Michael Fassbender est convainquant dans le rôle de Jobs et pourtant il n’était pas initialement prévu. Christian Bale, Leonardo Di Caprio, George Clooney, Ben Affleck, Matt Damon étaient pressentis pour le rôle bien avant lui. Et tous se sont désistés.

Fassbender est donc un choix par défaut. Je trouve que physiquement il ressemble moins à Steve Jobs qu’Ashton Kutcher (le précédent comédien incarnant Steve Jobs) et pourtant on se prend à croire que nous avons le créateur d’Apple face à nous. Même si on pourrait reprocher aux comédiens d’être un peu trop dans la réactivité, de part la forme du film, la préparation de la conférence, les comédiens sont toujours en train de courir d’une pièce à l’autre ce qui donne une dynamique physique, les comédiens n’ont plus qu’à se laisser porter par l’énergie.

Birdman lui ressemble les comédiens sont toujours en mouvement et pourtant la prestation des comédiens est impressionnante. Ici ce ne sera pas le cas. Mais à la décharge de Fassbender, le film ne ménage pas de place pour une prestation exceptionnelle. Donc vous ne verrez pas d’envolé dans le jeu de Fassbender mais si l’ensemble est très juste et broadcast.

Idem pour Kate Winslet qui est dans un rôle assez loin de ce qu’elle propose d’habitude. Elle est impeccable comme souvent. Les seconds rôles comme celui de la fille de Jobs est bien (pour les trois comédiennes incarnant la fille de Jobs aux différents âges) Seth Rogen joue Steve Wozniak, et incarne une sorte de fantôme du passé de Steve Jobs, crédible et intéressant.

Convaincants, professionnels mais pas exceptionnels.

Mise en Scène

12 / 20

Danny Boyle aussi n’était pas à l’origine dans ce projet. David Fincher devait s’y coller. Il avait l’habitude de travailler avec le scénariste de « Steve Jobs » ils avaient fait ensemble « Social Network ». Mais voilà Fincher s’est barré du projet pour des « différents artistiques », reste que c’est Danny Boyle qui récupère le bébé. Alors comment s’en est il tiré ?

Avec les honneurs nous dirons. Il y a quelques idées de mises en scènes comme la projection murale d’idée de Jobs alors qu’il parle avec son collaborateur. Le montage alternatif nerveux des flash-backs et certains cadres inspirés. Le reste est standard. Ce n’est pas le meilleur de Boyle, mais ce n’est pas le pire.

Il n’y a pas de loupé, les scènes intimes fonctionnent bien, sans pour autant nous émouvoir. Le film est systématiquement en mouvement et les plans sont propres, pas d’à coup ou de plan à l’épaule ostentatoire. L’ensemble est fluide, c’est du bon travail.

Un bon film de commande, mais un film moyen au vue de la filmo de Boyle.  

Son

10 / 20

Daniel Pemberton est pour moi un inconnu. C’est donc le premier film que j’écoute avec lui au commande. Et à première écoute, je ne me ruerai pas sur les autres musique qu’il a fait. Non pas que ce n’est pas audible mais c’est quelconque. Pas de thème marquant, pas ce supplément d’âme que peut apporter une belle composition à un film. Donc bof. Mais à la fois à aucun moment je n’ai été sorti du film parce que la musique été naze ou sonnait faux. Elle est juste particulièrement discrète.

Une musique qui passe inaperçue, elle ne dérange pas mais n’enchante pas non plus.

Direction artistique

15 / 20

Le film reprend les costumes emblématiques que Steve Jobs portait lors de ses conférences, donc difficile de se tromper, il suffit de regarder les conférences de l’époque pour se rendre compte que les costumières ont fait du bon boulot.

On ressent bien le passage des années, 70ies, 80ies, 90ies sont bien distinctes. On appréciera aussi que Lisa la fille de Jobs soit dans les années 90 avec un walkman à cassette alors qu’à l’époque il existait des walkmans CD mais on peut imaginer que c’est parce que Lisa aime le rétro (elle se déplace avec une vieille bagnole) mais il est amusant de se dire que c’est son père qui va envoyer au placard toutes ces vieilleries avec l’Ipod dont il fait allusion dans une scène avec elle.

Les coiffures et autres affiches sont d’époque, pas d’anachronismes visibles. On appréciera aussi la diffusion de la pub du Mac réalisée à l’époque par Ridley Scott.

Au final tout est très bien, même si le challenge n’était pas insurmontable, on est pas ici dans un Seigneur des Anneaux ou un Mad Max.

Rien à dire, c’est du bon boulot dans le cadre (limité) imposé.  

Effets Spéciaux

NS

EN RESUME

Steve Jobs est  :

– une biographie audacieuse du créateur d’Apple

– répartie en trois parties, une par conférence

– dynamique sans être captivant

– un éclairage intéressant sur l’un des plus grands communicants de notre siècle

– bavard

– douloureux pour Apple et ses fans

– pas indispensable

– pas le meilleur Danny Boyle

un film à voir une fois

Note Finale

12.71 / 20

Bilan

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« Tout ce que l’école de Cinéma ne vous apprendra jamais »

(Et qui est pourtant essentiel pour réussir)

A quelle adresse souhaiteriez vous que je vous l’envoie ?

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Je déteste les spams, votre adresse mail ne sera jamais cédée ni revendue 😉

2 Comments
  1. Michel Decaumont 9 ans ago
    Reply

    Merci ! Bravo

  2. Floppy 9 ans ago
    Reply

    Perso, j’ai pas aimé le film mais la critique est bien faite

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