Que valent nos écoles de cinéma ? Qu’est-ce qui se cache derrière les façades ?
Tout ce que leur brochure en papier glacé nous vend est-il conforme à la réalité ? Est-ce qu’une fois sortie de l’école il me sera facile d’avoir un job ? Est-ce que ces écoles sont appréciées « sur le terrain » ?
Je vous propose de vous révéler ce que l’expérience m’en a dit.
Avant de commencer, une petite mise au point :
- Tout ce que vous lierez n’est que mon avis, et en fonction du parcours de chacun, les opinions divergeront. Je ne fais que relayer ce que j’ai vu et entendu. Je ne détiens donc bien sûr pas la vérité absolue.
- Il y a plus de 15 écoles de cinéma en France, je ne vais m’attarder que sur 5 d’entre elles tout simplement parce que c’est les seules dont j’ai eu des retours ! Les autres ne sont pas nécessairement mauvaises (ou bonne) mais tout simplement comme je n’ai rien d’autre à en dire que ce que vous pourrez trouver sur internet, je n’en parlerai pas.
- Comment ai-je eu ces retours ? D’abord j’ai moi même fait une école (l’ESRA) et à travers mon métier de réalisateur, mes deux sociétés dont une de production, je suis amené à croiser beaucoup de techniciens, d’étudiant ou des stagiaires et je ne manque jamais de leur demander ce qu’il pense (ou ont pensé) de leur école.
Maintenant que les choses sont claires, allons voir les backstages des écoles.
Louis Lumière
Côté Lumière
Le Privilège des Anciens
1926 ! C’est la date de création de l’école ! Hitchcock avait 27 ans, Walt Disney 25 ans et Charlie Chaplin 37 ans, il a réalisé l’année d’avant la Ruée vers l’or, Hitchcock lui venait tout juste de sortir « The Lodger » considéré comme son 1er film et enfin Walt Disney n’a pas encore sorti son 1er long métrage ! Si j’en parle ce n’est pas parce qu’ils sont sortis de cette école, mais je me demande bien ce qu’ils pouvaient bien enseigner dans cette école à cette époque là ? Citizen Kane, classique parmi les classiques des films étudiés à l’école de cinéma, ne sortira que dans 15ans ! Le cinéma avait 30ans révolu, autant dire que c’est la préhistoire du 7ème art. Et bien en France, on avait une école.
Et comme cette école, autrefois appelée l’ETPC (puis ENPC), semble avoir toujours existé, il y a une sorte d’aura autour de cette école. Rien qu’à l’évocation de son nom, il y a une forme de respect qui s’instaure.
Louis Lumière a longtemps était la seule école de cinéma publique en France. Il faudra attendre 1986 (soit 60ans après sa création) pour que la Femis soit créée et qu’une autre école publique soit disponible.
Et qui dit école publique dit école gratuite, ce qui est super cool, mais qui dit publique et gratuite, ne dit pas forcément pour tout le monde, et ça c’est moins cool. Il y a en effet un concours à l’entrée et vous devez posséder votre bac ainsi que deux années d’étude au choix (pas d’audiovisuel) avant de pouvoir postuler.
Des chiffres
- neuf plateaux de tournage
- 12000m2 de locaux dédiés au cinéma.
Des noms
- Jean-Jacques Annaud
- Michel Houellebecq
- Tran Anh Hùng
- Jean-Yves Escoffier
Des Prix
Beaucoup + de 100 dont des césars, des lions d’or, etc…
Un prix
L’école est gratuite.
Un lien
Celui du site de l’école Louis Lumière.
Côté Sombre
Relativisons
Il y a 4 noms mis en avant, dont un plus auteur de roman que réalisateur, et 4 noms connus en quasi 90 ans d’existence, c’est maigre…
L’école a effectivement beaucoup d’espace, et un cadre magnifique : la cité du cinéma ! Wouah ! En fait la réalité est beaucoup moins idéalisée : l’école était bien mieux où elle se situait auparavant, ses anciens locaux étaient certes vétustes, mais les nouveaux sont sous la direction de l’école de la cité, qui a l’aval sur tout. L’école Louis Lumière n’est présente que comme un faire valoir, une sorte de trophée pour la cité du cinéma. En effet Louis Lumière bataille pour parvenir à obtenir des salles, du matériel parce que l’école de la cité à l’avantage sur tout. Louis Lumière perd donc d’année en année de sa qualité.
Il y a deux ans l’école s’était fait voler une grosse partie de son matériel au sein même de cette enclave de rêve qu’est la cité du cinéma. L’école rachète donc tout le matos, pour se le refaire voler une semaine plus tard… Ambiance…
L’école est gratuite certes, mais elle est très sélective. Le concours d’entrée n’est pas à la portée de tout le monde. :
- Premièrement, il faut avoir eu le bac. C’est peut être une évidence mais tout le monde ne l’a pas nécessairement et pour autant la personne peut avoir des compétences cinématographique, par exemple Luc Besson.
- Deuxièmement le concours nécessite deux années après le bac, ce qui veut dire que si vous avez le feu sacré et qu’en sortant du lycée vous voulez absolument apprendre le cinéma, vous devrez vous taper deux années d’étude avant. Et pas n’importe quelle étude, il faut que ce soit deux années dans autre choses que le cinéma ! Donc deux années de droit ou de philo… Cool sauf que vous, vous voulez faire du cinéma. On est d’accord que ça peut vous enrichir de voir autre chose… mais deux années, c’est long.
- Et le pire c’est le troisièmement, c’est qu’au bout de cette attente et de c’est deux années (quasi) inutiles, vous allez devoir tenter le concours et peut être (sans doute) ne pas être pris. Et alors là, vous aurez attendu deux années pour rien. Oui parce que vous pouvez pas le retenter (!).
Donc l’école est gratuite certes, mais n’est pas destinée à tout le monde. Il faut avoir l’argent pour pouvoir faire des études après le bac et pouvoir tenter un concours qui peut vous faire basculer en cas d’échec dans un vide professionnel. Là où, dans le même temps dans une école privée vous seriez à une année d’être diplômé.
Sur le terrain
Que vaut un élève fraîchement diplômé de Louis Lumière ? Alors clairement ça dépend évidemment de l’élève bien sûr, reste qu’il y a deux choses qui reviennent assez fréquemment :
- Ils sont techniquement au point, surtout en ce qui concerne la lumière, les élèves qui en sortent sont plus souvent de bon chef op que de bon réalisateur.
- l’élève a le melon et se prend pour le roi du monde.
- conséquence : les membres de l’équipe d’un film voyant arriver un élève de Louis Lumière, préférerons donner le poste à quelqu’un sortant d’une autre école, plutôt que d’endurer un élève qui va vouloir leur apprendre leur métier.
BILAN
C’est une école célèbre qui forme surtout des chefs op, elle est gratuite, et ouverte, sur le papier, à tous. En réalité, l’école n’est destinée qu’à une certaine catégorie de personne pouvant se permettre de faire deux années bonus d’étude pour risquer de se faire refouler sur un concours d’entrée assez ardu. Reste qu’elle est située à la cité du cinéma et ça, c’est la classe.
La Femis
Côté Lumière
L’autre école publique
Il y a en France que deux écoles publiques de cinéma, Louis Lumière et la FEMIS. La Fémis ouvre ses portes en 1986. C’est à dire 60 ans après Louis Lumière. Hitchcock, Chaplin et Disney sont morts depuis plusieurs années (20ans pour Disney) et c’est la sortie du film « le Nom de la Rose » de Jean Jacques Annaud, ancien élève de Louis Lumière. James Cameron sort cette année le film « Aliens, le retour », « Retour vers le futur » de Robert Zemeckis et « La couleur pourpre » de Steven Spielberg sont sortis l’année d’avant et Stanley Kubrick est en train de tourner Full Metal Jacket.
La Femis, comme elle est publique également, elle est non pas gratuite, mais peu chère (en comparaison d’une école privée).
La Femis a le mérite par rapport à son illustre prédécesseur d’être indépendante au niveau des lieux, elle se situe rue Francoeur et n’a de compte à rendre à personne.
De même que Louis Lumière, la Femis est un nom célèbre. Elle a fêté ses 30ans l’année dernière. Elle a une longévité et une notoriété qui ne se dément pas. Elle est même considérée comme étant la meilleure école de cinéma d’Europe.
Elle a un programme « Egalité des chances » pour les lycéens des zones prioritaires et les boursiers.
Des chiffres
- Quatre plateaux de tournage
- Trois studios de montage
- Un studio d’enregistrement.
Des noms
- Emmanuelle Bercot
- François Ozon
Des Prix
- 3 Lions d’Or
- 1 Ours d’Or
- 6 Palmes d’Or
Un prix
426 euros par an
Un lien
Celui du site ici : La Femis.
Côté Sombre
Relativisons
Un peu le même constat que Louis Lumière, en 30ans, il y a réellement deux noms, et quand je dis deux, je pourrai dire un : François Ozon, parce que Emmanuelle Bercot, on est plus dans un cinéma confidentiel. François Ozon a réellement ce mérite là, c’est qu’il fait le même genre de cinéma social que tous les réalisateurs français formés dans nos écoles publiques font, mais lui à réussi à le transcender à la manière de Jacques Audiard.
Parce que disons le franchement, ce n’est pas les réalisateurs de ces écoles (Femis et Louis Lumière) qui remplissent les salles de spectateurs (à l’exception d’Ozon et d’Annaud). Où si c’est le cas, ce sera à Paris intra-muros et c’est tout. Parce que quand on dit que la Femis est la meilleure école de cinéma d’Europe, je veux bien, mais sur quel critère se base-t-on ?
Premièrement, en Europe, il n’y a pas beaucoup de filière cinéma active. Il y a la France donc, le Royaume Uni et l’Espagne. Mais l’Allemagne et l’Italie qui étaient incontournables il y a des décennies, sont très discrets désormais et sortent peu de film qui traversent leurs frontières. Donc la France est peut être première, mais première sur trois. Ça reste bien, mais c’est moins l’enflamme qui si les autres pays étaient en lisse.
Maintenant en quoi estime-t-il qu’une école est au dessus des autres ? Une école de cinéma, soyons clair, forme des réalisateurs pour que des spectateurs aillent le plus possible voir ses œuvres, parce que sinon, le type ne fait pas d’école et continue à faire des films dans son garage pour lui et personne d’autre. Donc, si la Femis est numéro un, des écoles européennes, c’est que les réalisateurs qui en sortent font beaucoup d’entrée en comparaison des autres étudiants des autres écoles européennes. Prenons le champion toute catégorie de la Femis : François Ozon, plaçons devant lui Danny Boyle qui sort d’une école du Royaume Uni. Et tout simplement comparons :
- François Ozon fait des super films, Danny Boyle aussi. On va dire que qualitativement, ce ne sont pas des « faiseurs de films » mais bien des auteurs. Ils ont une patte visuelle. On va dire que c’est une question de goût pour les départager.
- Les prix, c’est plus concret. François Ozon en a 32 mais aucun prestigieux, il est bien x fois nominé au César, mais n’a jamais décroché le sésame. Danny Boyle en a 24 dont deux BAFTA, un Golden Globes et un Oscar Meilleur Réalisateur. Quantitativement Ozon est devant, qualitativement Boyle est nettement devant (d’autant que Boyle à fait moins de film qu’Ozon).
- Les entrées, je rappelle que François Ozon a de l’avance sur Danny Boyle, il a fait 16 films là où Boyle en a fait 12. Je vais cumuler la totalité de ce qu’à rapporté les films de François Ozon et faire de même pour Boyle. François Ozon en 16 films a rapporté 135 Millions d’euros. Danny Boyle 897 Millions. Aïe. Sans appel. La victoire de Boyle est écrasante. (surtout qu’il lui reste encore quatre films à faire pour arriver au nombre de films d’Ozon…)
Mais vous me direz qu’ils n’ont pas le même budget à la base et que si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle. Bien. Comparons le budget d’origine et ce que le réalisateur en fait. J’ai de nouveau additionné la totalité des budgets des films d’Ozon soit un total de 99 Millions d’euros qu’il transforme en 135 Millions donc. Soit un taux de + 136%.
Déjà première constatation le bilan est positif, ce qui semble normal, mais qui est en réalité assez rare pour un réalisateur français, la plupart des films français sont déficitaires. Précisions pour être parfaitement complet que sur 16 films, seulement 7 ont gagné de l’argent, 9 ont été déficitaires…
Et notre ami anglais alors ? Et bien la totalité de ses films ont coûté 225 Millions et ils ont rapporté 897 Millions. Soit un taux de + 398%. Soit trois fois ce que peut en faire notre François de la Femis. Je rappelle meilleur école de cinéma européenne…
Une dernière remarque Ozon fait un total de 135 Millions avec 16 films qui ont couté 99 Millions. Et bien Danny Boyle fait quasi autant de recette avec son film « La Plage » (142 Millions) avec un budget de 50 Millions… Et l’humiliation finale, il fait pour 15 Millions Slumdog Millionnaire qui rapporte… 377 Millions ! Atomisation totale du champion de la plus grande école d’Europe.
Sur le terrain
Même constat que Louis Lumière un élève est unique, il est donc difficile de porter un jugement global. Je vais quand même tenter de dire ce qui revient régulièrement :
- Même constat que Louis Lumière, ils sont techniquement au point, surtout en ce qui concerne la lumière, les élèves qui en sortent sont plus souvent de bon chef op que de bon réalisateur.
- Il y a eu un temps, je dirais il y a 10ans les élèves qui sortaient de la Femis avaient comme chez Louis Lumière le melon. Mais la tendance diminue d’année en année. Et est ce une coincidence ? Le genre de film qui est réalisé par les élèves est plus vastes, les films de genre ont fait leur apparition, là où il y a encore quelques années, c’était des films sociaux qui avaient la côte.
BILAN
C’est une école plus moderne que Louis Lumière, elle a les avantages de son illustre aîné, les prix abordables de l’enseignement, la notoriété, et aussi certain défaut, la difficulté de l’examen d’entrée (même si la Femis a mis en place le programme « égalité des chances ») les réalisateurs qui font des films qui sont des machines a gagner des prix, mais qui laissent des films a moitié vide, heureusement, la direction que semble prendre cette école d’ouverture paiera certainement chez les futurs réalisateurs, l’avenir nous le dira.
L’ESRA
Côté Lumière
La première école privée
Voici maintenant les écoles privées. Il y a quelques unes, je parlerai plus particulièrement de l’ESRA parce que c’est l’école que j’ai faite, je sais donc ce qu’il se trame derrière les murs classieux de cet établissement. Mais pour avoir parlé aux étudiants de l’EICAR et des 3IS, il y a quelques similitudes, je parlerai plus précisément de l’ESRA mais vous pourrez élargir à ces deux écoles.
Pour commencer par ce qui fait la spécificité de l’ESRA, c’est l’une des première école de cinéma, la première étant le CLCF (Conservatoire Libre du Cinéma Français) mais sincèrement je n’ai jamais entendu parlé d’élève sorti de cette école… Je n’en ai jamais croisé sur un tournage. Par contre il y a beaucoup plus d’élève de l’ESRA sur les plateaux (pour le meilleur et pour le pire…).
L’ESRA a été créée en 1972 soit 14 ans avant la Femis et 46 ans après Louis Lumière. Walt Disney est mort depuis 6ans, Charlie Chaplin, 5 ans avant de s’éteindre, vient de recevoir son second (et dernier) Oscar d’honneur, et Alfred Hitchcock vient de sortir Frenzy. Cette année Kubrick sera nominé pour meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur montage, pour Orange Mécanique, il n’en remportera aucun. C’est aussi cette année qu’il y aura une prise d’otage à Munich lors des JO qui inspirera Spielberg des années plus tard. Steven a réalisé l’année dernière Duel, film qui ne sortira en France que l’année prochaine. Quand à Robert Zemeckis il vient de fêter ses 20ans et James Cameron ses 18ans.
L’avantage de l’ESRA c’est de pouvoir tenter cette école directement après le bac. C’est d’ailleurs ce qui m’avait plu. D’autre part, elle est accessible sur concours, beaucoup moins ardu que la Fémis ou Louis Lumière.
L’école peut mettre en avant le fait qu’il y ait une quatrième année optionnelle à New York. Quelle dispose de bâtiment à Paris, en Bretagne et à Nice.
La présentation des meilleurs films des étudiants sont au Short Film Corner au Festival de Cannes.
Elle possède enfin de nombreux partenaires techniques.
Des chiffres
- Camion de tournage
- Studios image et son
- Stations de montage
- Une médiathèque de 140 m² contenant plus de 1000 références.
Des noms
- Jean-François Richet
- Rémi Bezançon
- Pierre Morel
- Florent Emilio Siri
Des Prix
- Prix du public au concours de courts-métrages de Clichy-la-Garenne
- Prix de la réalisation au festival Honfleur tout court
- Prix du jury au Festival du film international de Leeds
- 3 Lions d’Or
Un prix
7500 euros par an
Un lien
Celui de l’école ici : ESRA.
Bon on va pas se mentir, les prix obtenus, sont des prix en mousse, qui franchement connait le concours de Clichy la Garenne ? Mais en revanche dans les points positifs on peut dire que pour le coup il y a plus d’élève qui ont réussi à faire des films. Et non seulement ils ont réussi à faire des films mais en plus, ils s’exportent et ils font des entrées. Autant dire que pour l’heure le pari est rempli, ils ont fait plus en 45ans que Louis Lumière en 90ans.
Côté Sombre
Relativisons
Un peu de recul permet quand même de nuancer ce portrait.
Commençons point par point :
- L’avantage de l’ESRA c’est de pouvoir tenter cette école directement après le bac.
Sur le papier c’est bien. Dans les faits on se retrouve avec des personnes tout droit sortis du lycée qui parfois sont plus proches de l’adolescence que de l’âge adulte. Et niveau comportement, c’est parfoit difficile surtout quand on doit faire un projet collectif et que des membres du groupe on décidé de sécher les cours (!) cours qui, je le rappelle, sont payants. Les gars payent des cours auxquels ils ne vont pas pour faire les rebelles…
- Elle est accessible sur concours, beaucoup moins ardu que la Fémis ou Louis Lumière.
La réalité c’est que tant que vous payez vous êtes pris. Le concours c’est du cosmétique. Et il en sera de même pour passer d’une année à l’autre, idem pour l’obtention du diplôme…
- L’école peut mettre en avant le fait qu’il y ait une quatrième année optionnelle à New York.
La constatation que je me suis faite lorsque j’y étais (il y a 15ans) c’est que plus les années avancent moins il y a d’heure de cours (pour le même prix bien sûr). La première année nous travaillons du lundi (parfois les cours termine à 22h) jusqu’au samedi et ça d’Octobre à Juin. La deuxième année nous travaillons moins, on finit en moyenne à 15h et on a pas cours le samedi. Et les cours se déroulent d’Octobre à Mai. Et enfin la troisième année, il y a des après midi dans la semaine où l’on a pas cours et l’année se termine fin Avril !
C’est clairement le foutage de gueule. Je n’ose imaginer à quoi peut ressembler la quatrième année… C’est en fait une fois de plus, purement cosmétique et… économique. N’oublions pas, que là, nous ne sommes plus dans le public, l’école privée est une entreprise et il faut qu’elle tourne (sans mauvais jeu de mot) et une année supplémentaire à New York wouah la classe ! Encore faut il se loger là bas, payer son billet, etc… ce n’est clairement pas destiné à tout le monde. Et clairement ce n’est pas le niveau à l’école qui détermine qui fait cette 4ème année ou pas, ça se situe une fois de plus, comme tout dans cette école, dans le porte monnaie.
- La présentation des meilleurs films des étudiants sont au Short Film Corner au Festival de Cannes.
Super ! ça, ça n’existait pas quand j’y étais (parce que le Short Film Corner ne devait pas exister) mais ce n’est pas grave, parce que ça ne sert juste à rien ! Premièrement le Short Film Corner est accessible à tous. Il n’y a aucune sélection. Comme on voit marqué festival de Cannes, on se dit Sélection officiel du Festival. En fait non, le Short Film Corner, avec son titre en anglais, il se veut professionnel, mais en réalité, c’est l’espace dédié pour tout est n’importe quoi, une sorte de Youtube sans barre de recherche. Tout type de réalisateurs sont présents avec l’espoir qu’un réalisateur va voir son chef d’oeuvre et va miser sur lui. Alors déjà les producteurs, ils ne sont pas là. Ils sont avec les stars, ceux qui sont bankables, pas les types de 3ème division. D’autant qu’il n’y a tellement pas de sélection que le niveau doit être tellement irrégulier qu’il faut, en tant que producteur être pétris d’espoir, ou tout simplement ne pas être au courant pour se retrouver là. Au final, le Short Film Corner, c’est le réalisateur qui se retrouvent entre eux. Cool ! Ils auraient pu le faire à Paris, ou chez eux, inutile de payer un billet de train, une chambre d’hotel pour ça.
Donc une fois de plus, ce que propose l’ESRA est purement de la poudre aux yeux.
- Elle possède enfin de nombreux partenaires techniques.
J’espère que l’ESRA n’a pas les mêmes partenaires (et surtout le même type d’arrangement) qu’à l’époque où j’y étais. Car l’école avait négocié avec un laboratoire pour développer les pellicules (oui c’était encore la pellicule…) des projets de fin d’année. Et bien les prix de l’ESRA était si intéressant que si nous passions en disant que nous étions étudiants de l’ESRA les prix étaient 20% plus cher que si on le disait pas !
- La médiathèque avec plus de 1000 références
Une fois de plus j’espère que ça a changé, parce que la seule fois où j’ai vu des films à la médiathèque de l’ESRA c’est le jour des portes ouvertes. Parce que tout au long de l’année, lorsque je souhaitais prendre un DVD, il y en avait jamais de dispo, ils étaient tous chez le directeur…
- Les noms connus sortis de l’ESRA
Je relativiserai de nouveau, non pas que je souhaite remettre en question leur talent. Les réalisateurs qui ont été cités sont de très bon réalisateurs. Mais je pense que leur réussite ne vient pas de l’école dans sa globalité, mais surtout d’une personne en particulier. Et si vous leur demandez, je suis sûr à 80% de viser juste. Cette personne c’était mon prof de mise en scène. Il s’appelait Jean François Tarnowski. Je dis « s’appelais » parce qu’il est décédé, l’année après que j’ai quitté l’école (il y a 15ans donc). Et je pense que c’est une énorme perte pour l’école (qui l’avait viré soit dit en passant, quelque mois avant qu’il décède) Cet homme était brillant, il nous a ouvert les yeux sur plein de facette de la mise en scène. Il n’avait pas sa langue dans sa poche, et c’est ce qui a déplu à l’école, mais, clairement c’était LA personne qui ne m’a pas fait regretter d’avoir fait cette école. Maintenant qu’il n’est plus là… je ne saurais dire. En tout cas, j’attends de voir si de nouveaux réalisateurs de la génération post Tarnowski verront le jour, et surtout le niveau de ces réalisateurs.
Sur le terrain
Même précaution oratoire que précédemment : chaque élève est unique, il est donc difficile de porter un jugement global. Je vais quand même tenter de dire ce qui revient régulièrement :
- Il y a beaucoup de tire au flanc au sein de l’école.
- Le niveau est très irrégulier à la sortie de l’école d’un école à l’autre. Et, pour ma part, s’il n’y avait pas eu mon prof de mise en scène (et Storyboard), je n’ai pas grand chose que j’ai appris à l’école qui m’est un jour servi à l’école.
- Les élèves arrivent souvent à trouver des stages, c’est je pense l’école privée la plus populaire et répendu au sein des tournages.
BILAN
C’est une école trop cher pour ce qu’elle propose, une fois passé ce constat, et si dépenser 22 000€ ne vous fait pas peur, alors accrochez vous, focalisez vous sur ce qu’il y a à prendre, sur les contacts qu’il y a à se faire, parce que l’école n’est pas votre allié, c’est même votre pire ennemi. Je n’ai jamais autant galéré sur un tournage que lors de mes tournages à l’ESRA, et principalement à cause de la politique interne de l’école. Mais quand on veut réussir, on y arrive. Est ce pour autant qu’il faut dépenser 22 000 € ? Argent que l’on pourrait dépenser pour se faire un pure court métrage qui nous permettrait de démarcher de manière efficace… Je vous laisse seul juge.
En Conclusion
La formation est une bonne chose, elle rassure, elle permet parfois de se hisser à des niveaux inespérés de pouvoir atteindre seul. Mais encore faut-il trouver la bonne formation.
Ce que j’ai voulu traduire à travers cet article, c’est qu’il n’y a pas d’école parfaite. Et quel que puisse être votre formation, il est important de se documenter, de chercher en plusieurs endroits les réponses aux questions que l’on se pose afin de tendre vers une réponse la plus pertinente possible.
Une école ce n’est jamais qu’une vision des choses, et parfois une vision théorique, car les profs ne sont pas nécessairement des gens du métiers, il parle de quelque chose qu’ils ont vu, parfois entendu, mais rarement vécu.
Et pour ceux qui se dise que ne pas faire une école c’est courir à la catastrophe parce qu’on a pas de diplôme, je ne dirais qu’une chose : en 15 ans de tournage, je n’ai jamais entendu que ce soit pour moi ou pour mes collègues quiconque nous demander notre diplôme. Soit vous êtes compétant soit vous ne l’êtes pas. Alors tâchez juste de l’être, parce que sur le plateau, aussi grande soit votre école que vous aurez faite, le diplôme que vous aurez obtenu ne sera jamais assez large pour couvrir vos erreurs.
Si vous recherchez des situations alternatives, vous pouvez vous rendre ici : Formation ultime pour faire du cinema.
Bilan
A quelle adresse souhaites-tu que je te l'envoie ?
Je déteste les spams, votre adresse mail ne sera jamais cédée ni revendue 😉
L’Ecole de la Cite forme chaque annee 60 jeunes aux metiers du cinema, sans condition de diplome. Les eleves, issus de milieux tres divers, beneficient d’une formation gratuite. Ils n’ont aucune difficulte a trouver du travail a l’issue de leur cursus.
Bonjour à vous,
Merci pour votre précision. Je me permets juste de la nuancer.
– Dire que les élèves n’ont aucune difficulté, sous tant « tous les élèves », alors qu’on est bien d’accord, qu’il serait plus juste de dire « certains élèves », ou si l’on est optimiste de dire « la plupart des élèves ».
– Le second point, c’est l’âge de l’école, elle est si récente, qu’il serait bien audacieux de se prononcer sur leur insertion dans le milieu professionnel. Au vue de ce que vous dites, ils ont un bon démarrage, mais ce qui compte c’est qu’ils fassent carrière, pas juste un stage rémunéré par exemple. Et je pense qu’il faut que l’école est plus de 10ans pour pouvoir en tirer de véritable statistique, pour le moment on ne peut que spéculer.
– Et de toute manière, et ce sera mon dernier point, même si l’école de la Cité était une superbe méthode, reste qu’elle n’existera plus l’année prochaine. En effet cette année, les élèves, qui avaient été sélectionnés, ont échappé in-extremis à se retrouver le bec dans l’eau du fait de la fermeture de l’école, et l’année prochaine en revanche, au vue des dernières nouvelles, il n’y aura plus du tout de concours et donc d’école.
Ce qui fait que c’était une solution sans doute pertinente mais qui n’est plus viable.