Forrest Gump

Forrest a une intelligence juste en dessous de la moyenne, il n’a pas de grandes connaissances, mais il sait une chose, c’est qu’il aime Jenny. Il devra alors surmonter tous les obstacles pour la retrouver. Et des obstacles, il va y en avoir, à commencer par le fait que Jenny ne souhaite pas sortir avec lui…

FORREST GUMP est le 9ème film de Robert Zemeckis. Le tournage a débuté le Aout 1993 et se termine en Décembre 1993. Il sort en 1994 avec pour budget de 65 000 000 $ est a récupéré à travers le monde 679 400 525 $. Le film recevra 6 Oscars dont Meilleur Réalisateur, Meilleur Film et Meilleur Comédien pour Tom Hanks.

10 Films notables sortis la même année : Leon, Pulp Fiction, True Lies, Ed Wood, le Roi Lion, les Evadés, Entretien avec un Vampire, La cité de la Peur, 4 Mariages et un enterrement, The Crow, Tueur Né

C’est parti pour le test.

Histoire

16 / 20

Un simple d’esprit qui chercher à se faire aimer par la femme qu’il aime et qui tout au long de son périple va revivre les grands épisodes de l’histoire américaine.

Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est original, de mémoire je n’ai jamais vu pareil pitch pour un film. On pourrait le rapprocher d’un Candide de Voltaire parce que le héros est naïf et est balloté d’un endroit à un autre sans que l’on est l’impression qu’il contrôle quoi que ce soit, et le fait que l’ensemble soit une comédie. Oui on pourrait. Mais l’un est un livre, l’autre une fiction. L’un est relativement court pour un livre, l’autre relativement long pour un film. La comparaison s’arrêtera donc là.

Reste des points de suspension : est ce que le fait que l’on parle d’un handicapé ne va pas être trop pesant et plombant, ou à l’inverse trop léger pour un sujet aussi grave ? De plus le fait de le placer tout au long de l’histoire américaine, est ce que ça ne risque pas d’être redondant ou prévisible ?

Un pitch original et ambitieux qui peut donner le pire comme le meilleur.

Scénario

18 / 20

Alors comment va s’y prendre le scénariste de Forrest Gump ?

Commençons par la scène d’intro. Nous suivons une plume qui se fait balloté par le vent et qui se pose sur l’épaule d’un homme. Celui ci a une allure étrange, il est particulièrement raide et parle par saccade. Il s’adresse à une femme à côté de lui. Nous comprenons qu’il s’appelle Forrest Gump et qu’il essaye de nouer le contacte. Il a un boite de chocolat et essaye d’en proposer à la femme qui n’en veut pas. Il tente alors de parler des chaussures de la jeune femme. Forrest lui dit qu’elle doivent être confortable, la femme lui répond qu’elle a mal aux pieds. (fossé narratif) Il dit qu’il arrivera certainement à se souvenir de sa première pair de chaussure. Il ferme les yeux, à une mimique d’enfant et nous nous retrouvons dans un flashback.

Qu’apprenons nous dans cette intro. Déjà il y a une intro dans l’intro. Le passage de la plume est au premier abord anodin, mais fera sens plus tard. En réalité ce passage va rythmer tout le film.

Forrest sera baladé par la vie comme cette plume est ballotté par le vent

C’est une métaphore qui n’est pas suffisamment grossière pour qu’on puisse la comprendre immédiatement mais suffisamment parlante pour qu’on puisse la comprendre après coup. C’est bien vu. Ensuite la plume se pose sur Forrest. Là Forrest prend la parole. Qu’est ce qu’on peut en déduire sur cette première scène qui est aussi la scène de présentation du Héros ?

  • D’abord qu’il est sociable, disons qu’il l’est même au détriment du consentement de la personne. Il pourrait être quelqu’un de captivant, or ici c’est tout l’inverse, la femme se moque de ce qu’il raconte et certainement attend la première occasion pour se carapater. Alors on peut se dire que soir il se moque des conventions sociales, soit il s’en moque.
  • Deuxième point : son attitude. Il est étrange, on pourrait dire en paraphrasant qu’il n’est « pas normal ». Il est hors norme. Pour le meilleur comme pour le pire, à ce stade on ne saurait le dire. Il est sympathique en proposant ses chocolats et amusant et lorsqu’il cite sa mère, il y a quelque chose d’enfantin en lui.
  • Il va réciter sa mère lorsqu’il s’agit de parler des chaussures. On peut donc en déduire que c’est un personnage important pour lui, vu qu’il en parle fréquemment.
  • Et enfin dernier point qui confirme notre impression du départ : il fait une mimique d’enfant lorsqu’il essaye de se remémorer ses premières chaussures. Ce personnage a donc bien quelque chose d’enfantin.

Voilà pour l’avancer du scénario maintenant au niveau de la stratégie du scénariste. Le scénariste nous présente un personnage qui est pour le moins intriguant, qui donc nous donne envie de connaître et ce qui est intéressant c’est qu’il utilise comme interlocuteur de notre héros une femme qui se moque de ce qu’il a à dire. Ce qui pourrait être surprenant car par mimétisme nous pourrions nous dire que c’est vrai, on se moque de ce personnage.

Mais en fait c’est une astuce d’écriture qui produit justement l’effet inverse

C’est ce que j’appelle l’effet Grincheux, car c’est Disney qui l’a introduit au cinéma pour la première fois. L’idée c’est de placer un personnage qui puisse se faire le porte parole des personnes réfractaires. Comme ça, ceux qui apprécie le personnage principal redouble d’attention pour ne pas faire attention à ce que dis le médisant et celui qui pourrait ne pas l’aimer, ce dit qu’il a un écho dans le film et ça le détend (voir ça l’amuse) l’empêchant ainsi de médire sur le film. (vu que quelqu’un le fait pour lui)

Le film embraye assez rapidement sur un flashback, c’est une méthode qui peut marcher quand on a un départ puissant, comme Trainspotting. On ne sait pas ce qui se passe aux héros qui courent on ne sait où poursuivit on ne sait pourquoi ? Le flashback se présente comme le remède à notre incompréhension. Pour Aladdin de Disney (qui, au passage utilise également l’effet Grincheux, car le spectateur se détourne au premier abord du vendeur lorsque celui ci veut raconter son histoire) c’est le mystère et la promesse d’une histoire incroyable qui lance le flashback. Mais ici, Forrest nous dit qu’il va essayer de se souvenir de se souvenir de ses premières chaussures… on ne peut pas dire que ce soit puissant comme mystère. Mais ! ça le mérite d’être saugrenu et du coup amusant, donc on s’y plie de bonnes grâces. De nouveau, ce n’est pas un hasard si c’est un flashback sur quelque chose d’aussi trivial que ces premières chaussures, parce que ça dit des choses de Forrest. D’abord au niveau du ressenti, il parle de ses chaussures, c’est amusant et c’est, on l’a dit, enfantin. Ensuite Forrest annonce avant de parler chaussure, que grâce à l’examination des chaussures on apprend des choses sur la personne qui les porte. Il nous donne une clef pour exploiter les donner qu’on va nous fournir tout au long du film. A commencer par le départ Forrest à des chaussures sales, boueuses alors que la femme sur le banc à des chaussures très blanches. Ce qui crée un contraste entre les deux. On peut en déduire que la femme est propre sur elle, fait assez attention, mais aussi ne doit pas faire grand chose de ses journées, d’ailleurs elle se plaint du confort de ses chaussures alors qu’elle n’a pas dû faire grands choses dedans. Forrest a l’inverse ne prête sans doute pas attention aux apparences, ses chaussures sont sales mais il s’en moque et si elles sont sales c’est qu’il a dû faire des choses dedans? donc que c’est quelqu’un d’actif, d’autant qu’il précise qu’il a porté des « tas de chaussures », ce qui implique qu’il a vécu beaucoup de chose, qu’il est passé par beaucoup d’étape.

Revenons sur Forrest qui se remémore ses premières chaussures. C’est des chaussures de paralytique. De nouveau nous avons l’utilisation d’un fossé narratif. On s’attend à des chaussures « normales » or Forrest avait des chaussures « à normal ». On a un médecin qui explique à la mère de Forrest qu’il a un problème avec son dos. Et qu’il devra porter ses attelles toute sa vie. C’est une sorte de sombre passé de Forrest que l’on apprend, car comme c’est un flashback et qu’on l’a vu au préalable sur le banc sans attelles nous savons qu’il ne les gardera pas, ce qui empêche de rentrer dans la gravité d’un personnage condamné à être handicapé, et pour alléger encore l’ensemble, on voit Forrest enfant tomber avec ses attelles pendant qu’il essaye de marcher avec. C’est une blague tarte à la crême, mais elle est courte, et sert à désamorcer la dureté de la scène (un enfant handicapé) ça permet aussi de rappeler que Forrest Gump est une comédie dramatique et enfin c’est parfaitement justifié qu’il tombe car ça démontre la difficulté de se déplacer avec.

Dans cette scène outre le fait que l’on comprend que Forrest a pas eu une enfance facile et qu’on obtient une piste de pourquoi il est si étrange, la scène suivant permet surtout de voir la mère de Forrest Gump. La fameuse mère qu’il s’ingénie à citer systématiquement. Et alors que la scène du médecin esquisse la personnalité de la mère, tous les scènes suivantes seront une description de ce personnage. Par un tour de passe passe, le scénariste nous fait entrer dans un flashback pour parler de ses chaussures, pour finalement parler de sa mère. Pourquoi ?

Pour éviter la gravité. Ce sera le maître mot du travail sur Forrest Gump

A chaque fois qu’une situation devient sensible, il détourne le sujet ce qui a pour effet de renforcer l’émotion. Ce qui est très étonnant, mais très difficile, il faut le talent de Robert Zemeckis derrière pour sublimer l’ensemble, car le même scénariste avait refait quasiment le même scénario pour Benjamin Button et là tout tombait à plat, le film se détournait de l’émotion trop tôt. C’est dosage très précis, mais quand il est réussit on arrive à des moments d’anthologie. Et des moments d’anthologie, il y en a dans Forrest Gump !

Revenons au tour de passe passe. Imaginez que Forrest est dit : « ça me rappelle ma mère, je vais vous parler d’elle. » Immédiatement nous étions dans du pathos. Mais là, il nous attire avec ses chaussures, on baisse la garde, et hop, ni vu ni connu, il nous parle de sa mère. Alors comment fait il ? Forrest dort de chez le médecin, et se bloque le pied dans une grille d’égout, la mère tout en supportant le regard des badauds aide son fils à retirer son pied.

Une nouvelle fois, c’est magnifiquement écrit

Ce passage permet de traduire de nouveau la difficulté de se déplacer avec les attelles, il permet de traduire l’époque, on voit les gens et leur regard intrigué en regardant le gamin handicapé, le regard des badauds n’est pas sans rappeler notre propre regard. Et nous nous disons que ce gamin n’est pas normal. La mère de Forrest nous répond alors : Ne laisse personne dire que tu n’es pas normal. Cut. Le médecin lui dit qu’il n’est pas normal.

Le montage est très habile, il nous montre en un raccord que ce gamin à plus de problème que ça mère veut bien le dire, il nous montre aussi que ça mère a un tempérament volontaire et qu’elle veut que son fils s’en sorte. Vous voyez alors le glissement.

On passe des chaussures qui sont un prétexte pour parler de l’handicape de Forrest qui se fait en deux temps : chaussure puis intelligence. Et la mère qui ne veut pas se résoudre à cette fatalité d’abord des jambes de son fils, puis de son intelligence.

Le scénariste s’applique à mêler le développement des deux personnages de concert. Ce qui est très judicieux car effectivement le destin de ces deux personnages est lié. La mère représentera l’envie de changer le destin, le refus de la fatalité.

Le développement du caractère de la mère va s’amplifier lorsque la scène suivante se produit. Forrest est refusé dans l’école parce qu’il a une intelligence juste en dessous de la moyenne (très bonne utilisation du graphique qui rend l’ensemble extrêmement lisible). La mère va alors demander s’il n’est pas possible de faire le forcing pour qu’il accède malgré tout à l’école. Le sous entendu sexuel est alors très clair.

A noter également l’utilisation pertinente de mot d’ancrage

  • Le premier n’est pas un mot mais le gémissement du directeur d’école.

Déjà, il n’y a que lui qu’on entend ce qui laisse sous entendre qu’il n’y a que lui qui prend du plaisir. Ensuite alors que le directeur d’école sort de la maison et dit à Forrest : ta mère tient vraiment à ce que tu fasses des études. (ce qui renforce encore plus le caractère déterminé de la mère) Forrest lui répond par les gémissements. Et l’homme part comme s’il prenait conscience de l’horreur de ce qu’il vient de faire. Ces sons dans la bouche d’un enfant produit lui renvoie à ce qu’il vient d’accomplir et aux circonstances dans lequel il l’a fait. C’est à dire à proximité du gamin. La scène aurait perdu de sa puissance si Forrest avait répondu : « je sais » ou « c’est vrai ». Ici ça dit ça mais ça souligne aussi la manière dont le directeur a profiter de la situation.

  • Le second c’est lorsque le directeur de l’école demande à la mère de Forrest : « est ce qu’il y a un M. Gump, Mme Gump ? » Elle répond alors : (et c’est le mot clef) « Il est en vacance. »

Plus tard, il a Forrest qui demande ce que veut dire « en vacance » Elle lui dit que « c’est quand on part quelque part et qu’on ne revient jamais. » Ce qui implique de multiples choses juste en ravivant ce mot.

  • Une que sa mère sait que Forrest a bien entendu qu’elle a parlé de son père, et potentiellement qu’il a compris qu’il y avait sous entendu sexuel.
  • Deux : on comprend ce qu’il est advenu au père de Forrest, qu’il a abandonné sa femme et son fils.

Une fois de plus la situation est grave : La mère a un fils handicapé, elle vient de coucher pour obtenir un service. Et que fait le scénariste ? Il évite le pathos en rebondissant sur une phrase de Forrest qui synthétise ce qu’il vient d’être dit sans dramatiser. (une fois de plus ça produit l’effet inverse).

Forrest dit : « on peut dire qu’on était seul quoi. Mais on s’en moquait, il y avait toujours plein de gens à la maison. »

Il faut pour s’en convaincre d’imaginer si Forrest avait dit : « la vie était dure seuls avec ma mère, mais on s’en moquait, il y avait plein de gens à la maison. »

C’est moins fort. Parce qu’il y a la plainte en premier lieu.

Ici, dans Forrest Gump, pas de plainte, mais de l’humour

Nous nous retrouvons donc dans la maison de Forrest avec la mère de Forrest en fil rouge. Noter qu’à ce stade on a pas réellement d’objectif, on suit la mère de Forrest en suivant un double mystère un que l’on a présent à l’esprit : comment ce gamin et cette mère vont s’en sortir ? Et un autre mystère qu’on a oublié : comment Forrest s’est retrouvé sur ce banc en début de film ?

L’auteur va alors placer son premier clin d’oeil à l’histoire américaine, car dans cette famille se trouve Elvis. Outre que ce « kaméo » est amusant, il a le mérite de situer l’univers du récit dans le réel et dans une période de temps sans avoir à tout expliquer, ce qui aurait été long et aurait cassé le rythme, là on voit Elvis, on pense Rock’n’roll, déhanchement qui scandalise l’Amérique (mœurs de l’époque) ségrégation, etc… L’autre élément qui sera récurent c’est que non content que notre héros croise des stars ayant existé, il va les influencer. Ici le déhanchement qui rendit célèbre Elvis viendrait de Forrest Gump. Ce qui est bien entendu ironique et amusant. Ce procédé n’est pour autant pas nouveau on peut penser à Obélix dans Astérix et Cléopatre qui défigure le sphynx. Autre film qui l’avait fait plus récemment est Retour Vers Le Futur du même Robert Zemeckis, où Marty crée le Rock N Roll. Il est à noter que Robert Zemeckis est fan d’Elvis, il y a souvent dans ses films une référence à lui.

S’en suit la scène de l’école. C’est une scène qui sera utiliser en échos à la fin du film. La mère de Forrest laisse son fils rentrer dans le bus, fébrillement bien entendu, car déjà que c’est une situation délicate pour une mère, mais pour un enfant comme Forrest Gump on peut imaginé qu’on est pas rassuré. Et d’ailleurs le conflit ne va tarder car à peine entré dans le bus, personne ne souhaite qu’il s’assoit à côté de lui. Il se retrouve seul, debout.

La scène est déjà puissante en elle même, mais le coup de grâce arrive après. On revient dans un premier temps sur Forrest sur son banc. Ce qui permet de dilater le temps sans en perdre. Car le fait de revenir sur Forrest adulte nous donne l’impression que Forrest jeune qu’on a laissé un temps est resté au moins une minute peut être plus debout, ce qui rend la situation difficile pour Forrest jeune. Si Zemeckis avait fait durer la scène une minute l’attente de Forrest jeune sans revenir au temps présent, nous aurions décrocher, une minute, c’est très long quand il ne se passe rien à l’image, ce raccord permet donc de faire un coup double :

  • Il dilate le temps et permet de monter les enjeux
  • Il permet de dramatiser.

En effet Forrest adulte dit : « et c’est là que j’ai entendu la voix la plus belle de toute ma vie.  » Ce qui crée un suspense, on se demande de quelle voix est ce qu’il parle ? Réponse le petit Forrest se tourne (notez qu’on ne raccord pas directement sur la petite fille afin de ménager le suspense et renforcer l’apparition de celle ci) une jeune fille blonde, Jenny qui lui dit : « tu peux t’assoir ici si tu veux. » Le niveau émotionnel est très haut à ce moment là. Parce qu’on sait que mis à part sa mère, personne ne prête attention à Forrest. Ici, dans l’adversité, la jeune fille lui répond avec douceur, le décalage est forcément efficace.

On croit que le coup de grâce passé mais en réalité il va arrivé juste après. L’émotion fonctionne comme la douleur, si c’est trop intense on décroche, il faut donc ménager. Et le ménagement va être une succession de scène avec Forrest et Jenny avec au passage une petite annonce, où Jenny laisse sous entendre qu’elle ne veut pas rentrer chez elle sans explication. Mais alors qu’on s’est bien détendu en les regardant se suspendre aux arbres et courir dans les champs, Forrest off dit : « c’était ma meilleure ami ». cut sur Forrest adulte : « ma seule amie. » C’est la cerise sur la gâteau, le coup de grâce.

Il y a de nombreuses scènes mémorables dans Forrest Gump, celle ci en est une

Il faut être un monolithe pour ne rien ressentir à une scène comme ça. D’ailleurs, c’est ce que j’appellerai une scène de non retour, parce qu’une fois cette scène passée, si vous adhérez à ce passage, parce que vous avez été ému, vous suivrez le film jusqu’au bout quoi qu’il arrive, car vous aimez ce personnage et plus encore, vous aimez ce qu’il aime. Son objectif est face à lui. Forrest fera tout pour retrouver Jenny. Et comme on a été touché par cette scène on sera derrière notre personnage en espérant qu’il y parvienne. En revanche si la personne qui regarde le film baille à ce moment là, ou se dit : « ouais et alors ? » Cette personne peut arrêter directement le film, parce qu’il n’y trouvera jamais son compte.

C’est en ça que j’appelle cette scène : point de non retour. Soit on continue sans se retourner, soit on rebrousse chemin.

Moi, je continue. Dès à présent les personnages les plus importants sont présentés. Forrest Gump bien sûr qui est la plume qui est balotté au gré du vent et qui accepte qui il est, Mme Gump qui est celle qui contre vent et marée va essayer de contrer la destinée et qui refuse ce que son fils pourrait devenir s’il se laisse aller et Jenny qui croit avoir une grande destin et qui va perdre son temps à fuir ce qu’elle est.

Il y aura bien sûr d’autre personnage, on en retiendra deux Booba et Lieutnant Dan. Ces deux personnages ont un destin tout tracé, l’un dans la crevette, l’autre dans l’armée. Mais les deux n’atteindront jamais le destin qu’ils s’étaient eux même fixé. La différence c’est que l’un malgré l’intervention de Forrest pour Booba, et l’autre à cause de son intervention pour lieutnant Dan.Une fois de plus, toute l’ironie est là, Booba voulait vivre parce qu’il avait tout un business à monter, il ne pourra pas l’être, lieutnant Dan, lui voulait mourir sur le champ de bataille, pour être considéré comme un héros, et c’est lui qui sera sauvé par Forrest.

Autre différence, Forrest va terminer par procuration le destin de Booba, alors que le destin de lieutnant Dan est définitivement perdu. Cependant avec l’aide de Forrest, lieutenant Dan parviendra à se réaliser en travaillant avec lui, une fois qu’il se sera accepté tel qu’il est (devenu).

Forrest Gump va essayer de retrouver Jenny enchainant milles et une péripétie, la plupart culte. C’est parfaitement écrit chaque scène en appelle une autre, le rythme est très resseré on a pas le temps de souffler et même quand le film prend son temps, c’est pour mieux nous cueillir dans l’émotion.

Personnages inoubliables, scénario rythmé, puissant, intelligent, touchant. C’est un coup de Maître.

Lumière

16 / 20

Dean Cundey est le chef op de Robert Zemeckis, de la poursuite du diamant vert jusqu’à Forrest Gump, toutes l’images est son oeuvre. Il a également était le chef op de John Carpenter sur ses plus gros succès et de Steven Spielberg sur Jurassik Park. Autant dire que c’est une pointure.

Et son travail sur Forrest Gump est superbe et en parfaite adéquation avec le film. Les couleurs sont vives sans être criardes, les plans sont de toute beauté, et les effets de lumières sont nombreux sans jamais être tape à l’oeil.

Lumière riche en variété en fonction des ambiances de scène, jamais tape à l’œil mais toujours juste.

Direction comédien

16 / 20

Forrest Gump est interprété par Tom Hanks, et celui ci signe sa plus grande performance. Il ne sera jamais meilleur que dans ce rôle. Hanks est sur un fil de A à Z. Il pourrait vite grossir le train et faire de ce Forrest un demeuré ou calqué le travail de Dustin Hoffmann dans Rain-man et en faire un homme rigide. Mais c’est tout le contraire que parvient à faire Hanks. Il nous livre un personnage touchant, juste, beau, en un mot : vrai. Il parvient à faire en sorte que l’identification à se personnage soit total parce que malgré son handicape Forrest est plus humain que chacun d’entre nous.

Elle est le file rouge de cette histoire, elle incarne le but à atteindre pour Forrest Gump, Jenny incarnée par Robin Wright nous offre une interprétation juste, tour à tour rebelle, fragile, aimante. C’est sans aucun doute son meilleur rôle avant celui de Mme Underwood dans House of Cards.

Mme Gump est le coeur de Forrest, elle est omniprésente dans le film, soit parce qu’elle est physiquement présente, soit parce qu’elle est citée par Forrest quand il n’agit pas littéralement comme elle comme la dernière scène le permet. L’interprétation de Sally Field y est sensible, jamais d’excès, la scène finale de la mère en est un parfait exemple. Elle pourrait jouer sur le pathos mais la comédienne sous la direction inspirée de Zemeckis est dans la retenue, dans la pudeur et c’est beau et touchant.

Le lieutenant Dan a également trouvé le parfait réceptacle dans l’interprétation de Gary Sinise, fort puis déprimé, aigri puis exalté et enfin apaisé. Ce personnage passe par toutes les couleurs de spectre de l’émotion et Sinise est également à la hauteur et nous livre ici un personnage désormais culte.

Une pléiade d’acteur aussi talentueux les uns que les autres. Une prouesse pour les comédiens, une excellence de direction d’acteur de Zemeckis et un régal pour le spectateur.

Mise en Scène

18 / 20

La mise en scène de Zemeckis est à la mesure de l’ensemble : juste et inventive.

  • Prenons la plume qui nous sert d’intro et de fin filmée en plan séquence qui illustre parfaitement le propos du film, c’est adroit sans être lourd.
  • La guerre du Vietnam où l’on ne voit pas le visage de l’ennemi.
  • L’idée d’intégrer Forrest dans des archives réelles.
  • L’utilisation d’intensificateur dans la course de Forrest que ce soit les journaux, la fumée, les joueurs de rugby, les feuillages de la jungle, etc…
  • Le montage clipesque du passage musicale quand Forrest Gump se lance dans sa traversée de l’Amérique qui agit comme une bouffée d’air frais dans le film.
  • La mort de la mère, la mort de Jenny ainsi que celle de Booba
  • etc…

Tout est maîtrisé de A à Z.

Zemeckis signe ici son premier film d’un nouveau cycle. Ses premiers films étaient ceux d’un réalisateur adolescent, celui ci est le premier de la maturité.

Il a eu l’oscar de la mise en scène (donné des mains de Steven Spielberg) et c’est amplement mérité.

Forrest Gump est le chef d’oeuvre de Robert Zemeckis.

Son

17 / 20

La musique d’Alan Silvestri est magnifique et ce qui est étonnant ce que Zemeckis passe de l’ado à l’âge adulte et que cette transformation c’est opéré de manière identique chez Silvestri.

Tous les tics musicaux qu’il pouvait avoir sur Retour le Futur, The Abyss ou Predator a disparut ici.

On est ailleurs.

Sa musique est moins rythmée, moins démonstrative mais gagne en profondeur et en subtilité. Ecoutez une fois le thème de Forrest Gump et à jamais il vous accompagnera.

A noter que la Bande Originale des groupes est très bien choisie, nous aidant à passer d’une époque à l’autre.

Oscar de la meilleure musique une de fois plus, c’est évident. C’est une des compositions musicales de film les plus touchante jamais écrite. C’est du grand art.

Direction artistique

16 / 20

On y croit. On passe des années 50 (période fétiche de Zemeckis) aux années 90 en traversant la guerre du Vietnam, la ségrégation, et autre moment de l’Histoire des Etats Unis et tout sonne juste, des costumes aux décors. Et ce qui est plus remarquable c’est que c’est une époque à une autre, une ambiance est liée à l’époque qui sert le récit.

Rien à dire, tout marche à merveille. 

Effets Spéciaux

16 / 20

C’est une référence.

Il y a beaucoup d’effets spéciaux dans Forrest Gump, la plupart sont évidents :

  • L’intégration de Forrest Gump dans les docs d’archive.
  • Les jambes perdus du lieutenant Dan
  • Les explosions dans la jungle

Mais d’autres sont beaucoup plus subtiles :

  • Les ciels sont pour la plupart truqués.
  • Les oiseaux et autre particule ont été rajoutés
  • La balle de ping pong.
  • La plume

sont tous des trucages et tous ont le même commun : on ne voit rien, les effets sont invisibles.

C’est la quintessence des effets spéciaux, lorsqu’ils sont mis au service de l’histoire et non pour soutenir une histoire qui ne tient pas la route.

Magnifiques effets spéciaux parfaitement intégrés.

EN RESUME

FORREST GUMP est :

– superbement écrit, le film dure plus de 2h et donne l’impression de 2 fois moins

– servi par de superbes effets spéciaux parfaitement intégrés dans le film

– composé de personnages haut en couleur parfaitement interprétés

– parfaitement interprété par Tom Hanks

– doté de la plus belle musique d’Alan Silvestri

– le meilleur film de Robert Zemeckis

– un des dix plus grands films de tous les temps

– un chef d’oeuvre

un film à voir absolument

Note Finale

16,625 / 20

Bilan

couverture2J’espère que cet article vous aura plu, sans doute que ce guide gratuit vous intéressera  :

« Tout ce que l’école de Cinéma ne vous apprendra jamais »

(Et qui est pourtant essentiel pour réussir)

A quelle adresse souhaiteriez vous que je vous l’envoie ?

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Je déteste les spams, votre adresse mail ne sera jamais cédée ni revendue 😉

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