Le Livre de la Jungle

Mowgli est un enfant élevé par des loups dans la jungle, un beau jour, il croise le chemin de Shere Khan qui jure de le tuer, le chef de la meute des loups décide que Mowgli doit retourner chez les Hommes pour son bien et celui de la meute, mais voilà, le chemin est long et Shere Khan ne compte pas le laisser faire…

Ce film est le 8ème film de Jon Favreau avec un budget de 175 millions de dollars le film a déjà rapporté dans le monde près de 937 millions de dollars.

10 Films notables sortis la même année : The Revenant, Batman VS Superman, Warcraft – le commencement, SOS fantômes 3, Alice au pays des merveilles 2, le Monde de Dory, Independence Day 2,  Camping 3, Gods of Egypt, 8 Salopards

C’est parti pour le test.

Histoire

10 / 20

Le Livre de la Jungle est donc une adaptation d’une adaptation. Tout d’abord un livre de Rudyard Kipling sorti en 1894 puis en 1967 sous la direction de Walt Disney (ce sera d’ailleurs son dernier dessin animé de son vivant) et donc maintenant un film, à cheval entre l’animation et la prise de vue réelle.

Ce n’est donc pas du côté de l’histoire qu’il va falloir chercher l’originalité. On est sur un film balisé qui ne cherche pas à destabiliser ou à créer l’évènement niveau histoire, bien au contraire, plus le spectateur avance en terrain connu, plus il y aura de personnes tentées d’aller en salle pour retrouver le charme de leur dessin animé d’enfance.

Un pitch connu pour une histoire célèbre, pas de prise de risque de ce côté là.

Scénario

16 / 20

C’est là où les choses deviennent intéressantes. Comment va faire le scénariste de Disney ? Partir sur le livre qui est une succession de nouvelles faisant intervenir de temps en temps Mowgli ? Reprendre la structure de l’adaptation de 1967 ? Ou prendre une nouvelle structure ?

Le scénario de ce Livre de la Jungle 2016 a été retravaillé et… amélioré

Je ne parlerai pas de la structure du livre de Kipling, mais du film de 1967, il y avait de belles scènes mais le rythme été haché, on avait pas l’impression de suivre un parcours mais plus d’être baloté d’un lieu à un autre tout en croisant des personnages de la jungle et pour finir finalement dans le village des Hommes. Ce qui, en soi, été plus proche de l’oeuvre de Kipling qui été une succession de petits contes moraux.

Mais voilà, ce genre de structure, s’il n’est pas soutenu par un montage inventif peut vite lasser, voir ennuyer. Ici Justin Marks, le scénariste, parvient à lier l’ensemble des scènes grace à un fil directeur que nous verrons tout à l’heure, tout en donnant du sens à des scènes qui n’en avaient pas nécessairement auparavant. C’est très malin de sa part, car d’un côté les fans du dessin animé ne seront pas déçus car ils retrouvent leurs scènes cultes remises au goût du jour et l’ensemble de la narration a, elle, subit un petit lifting pour plus de rythme et de sens.

Le Scénario est donc plus rythmé et plus profond que l’ancienne version

Maintenant que nous avons une vision d’ensemble attardons-nous sur les détails. Tout d’abord la scène d’exposition.

Un enfant court dans la jungle avec au trousse des loups. On réalise que l’enfant ne court pas pour sa vie mais par jeu. On comprend que l’enfant n’est autre que Mowgli. Le contre point de la scène est intéressant pour un spectateur ne connaissant pas l’histoire, qui la prend pour argent comptant. L’enfant n’est pas assez rapide et arrive dernier. C’est le placement de la faiblesse du Héros. Il est différent du reste de sa famille (de loup) et en souffre.

Le loup d’adresse ensuite à Mowgli en français, dans un dessin animé tout est possible, ici, l’animal est si réaliste qu’il y a un décalage que l’on met quelques secondes à accepter. Mais par bonheur les voix sont très bien choisies ce qui nous rend l’ensemble agréable. C’est dans cette scène que Bagheera est présentée, on retrouve avec plaisir les caractéristiques de ce personnage, sorte de cavalier solitaire au grand coeur.

Mowgli rejoint sa famille de loup, on y retrouve l’archétype du Roi et de la Reine. Le Roi Loup est un sage, et un bon chef, et la Reine, une mère aimante. Dès les premières scènes tout est clair. Non pas parce que tout est grillé à des kilomètres mais parce que les personnages sont très bien décrits par la posture qu’ils prennent, l’intonation de la voix, les mots employés, c’est du très bon travail. Le thème de la différence et de la famille est de nouveau joué, le Roi dit à Mowgli que s’il persévère, il deviendra un vrai Loup, il incarne l’assimilation du Héros à la meute. Et la Reine elle véhicule le thème de la famille et lui dit qu’il est un de ses fils.

Notre groupe de loup se rapproche d’une source d’eau pour s’abreuver. On y voit toutes sortes d’animaux qui se cotoient. Il y a une trêve entre les animaux du fait de la sécheresse et qu’ils ne peuvent se désaltérer qu’à ce seul point d’eau. C’est la règle, c’est la loi. Et tout le monde la respecte, y compris Shere Khan qui rejoint le groupe.

Quatre choses sur cette scène :

  • Placement d’un règlement au sein de la Jungle, comme un code de l’honneur. C’est également un thème qui est abordé (un peu plus lourdement d’ailleurs avec les loups qui récitent plusieurs fois leur règlement) mais qui était assez absent dans le film de 1967 et qui était présent dans le livre de Kipling. Ce thème est intéressant car il induit que tous les êtres, aussi puissants soient-ils, sont soumis aux règles de quelque chose d’au dessus d’eux. Ici la Nature. Mais par le truchement de cette loi, dont il est impossible de connaître l’origine, nos personnages nous font comprendre que nous sommes dans un endroit bien différent de ce que nous pourrions imaginer de la jungle, où l’on pense plutôt à un espace de non droit, ici il y a une société organisée. C’est une vision intéressante et l’autre point intéressant c’est qu’il y a une sorte de mystique, les animaux croient en quelque chose qu’ils respectent pour le bien de la Nature.
  • Mowgli va utiliser pour s’abreuver une invention (un seau avec une corde) pour amener l’eau à lui sans se baisser. Le Roi n’est pas d’accord avec cette « astuce », comme il dit, car un loup ne l’utiliserait pas. Et comme nous l’avons vu, le Roi incarne le Thème de l’assimilation de Mowgli à la tribu loup. Or ce n’est pas en ce conduisant comme un Humain qu’il va y arriver. C’est une action significative de Mowgli, c’est sa force et sa faiblesse. C’est sa faiblesse parce qu’il prouve en utilisant ces astuces qu’il n’est pas comme un loup et le marginalise, et c’est sa force parce qu’il parviendra à s’affirmer en tant qu’être humain grace à son inventivité.
  • La présentation de Shere Khan, assez tôt finalement dans le film. C’est une bonne chose, car on identifie immédiatement la menace (assez différent du film de 1967) et on ne se contente pas de montrer que la Jungle est dangereuse et de montrer Shere Khan comme un des éléments de la jungle qui en crée la dangerosité, ici Shere Khan est la personification du danger et la Jungle est son royaume.
  • Il y a également une double prédiction qui nous renvoit à tous les contes et notre mythologie, très bien vu de la part de Marks qui commence à élever le débat du film. La première prédiction est la suivante : Shere Kkan annonce que lorsque le rocher sera sous l’eau, il n’y aura donc plus de trève, et la chasse au petithomme sera ouverte. La seconde que Mowgli lorsqu’il grandira s’en prendra aux animaux de la jungle avec l’aide de la fleur rouge (le feu) et qu’il les exterminera comme le font tous les Hommes. C’est une très bonne idée qui avait manqué cruellement au final du Roi Lion de Disney. Le rapprochement entre les deux films se fera souvent car ils ont des similitudes de traitement. Les deux parlent d’un exil pour un retour en grace dans le royaume. Dans le Roi Lion, Simba revient alors que le royaume est à feu et à sang et il est donc accueilli comme un sauveur. Ici quand Mowgli arrive, il a mis le feu à la forêt et revient bel et bien avec la fameuse fleur rouge. La prédiction de Shere Khan s’avère en bonne voie de se résoudre, ce qui sème le doute dans la tête des alliés de Mowgli et indirectement dans celle du spectateur. La scène nous interroge alors sur le pouvoir de nuisance l’Homme par rapport à la Nature. Et ça c’est très bien vue.

Coups multiples pour le scénariste à travers cette scène :

  • 1- les deux prédictions, une à courte terme et l’autre pour la fin
  • 2- le code de la jungle (description de l’univers)
  • 3- la force / faiblesse de Mowgli
  • 4- conflit / incident déclencheur
  • 5- un mystère sur la motivation de Shere Khan pour l’animosité envers Mowgli

Le film commence par une scène extrêmement habile

Bien sûr la prédiction se produit, le rocher est submergé. Le Roi décide que Mowgli doit partir pour le village des Hommes. C’est Bagheera qui se chargera de mener à bon port Mowgli. C’est d’ailleurs lui qui l’avait recueilli et emmené auprès des loups. C’est un peu la bonne fée de Mowgli et il sera d’ailleurs traîté un peu comme Gimini Criquet de Pinocchio. C’est le garant de la moral et le chaperon du Héros.

Le Héros quitte donc son clan, les scènes de séparation sont souvent touchantes, celle ci n’échappe pas à la règle.

Mowgli, toujours pas convaincu qu’il doive partir, s’éloigne du camp avec Bagheera, ils vont croiser un troupeau d’éléphants. Par respect, Bagheera intime l’ordre à Mowgli de s’incliner devant les pachidermes. Cette scène nous renvoit aux fameuses lois de la jungle et fait allusion à la scène du dessin animé. Scène qui n’a pas d’autre utilité que nourrir l’univers du film et faire une résonnance au thème lié aux règles de la Jungle.

Ils croisent un troupeau de buffles et alors que Mowgli remet en question la capacité de Shere Khan a pouvoir l’attaquer, celui ci apparait dans les fourrés et les attaque. Bagheera essaye de retenir le tigre pendant que Mowgli fuit. Shere Khan ne va pas tarder à se rapprocher dangereusement de l’enfant. La scène semble couru d’avance : soit Mowgli parvient à semer Shere Khan et l’on criera à l’invraisemblance, soit il se fait rattrapper par le tigre, ce qui semble réaliste mais il n’y a plus de film…

Que va faire notre scénariste ? Utiliser ce qu’il a soigneusement placé en début de scène : les buffles qui prennent peur et qui s’engouffrent dans les gorges, Mowgli va alors utiliser son agilité (que nous avons pu constater lors de la scène d’introduction) et se faufiler parmi les buffles, choses que Shere Khan ne peut pas faire. De plus cette scène fait échos, volontairement ou non, au Roi Lion dont nous parlions tout à l’heure. La scène de la mort de Mufasa. Simba jeune se retrouve dans des gorges sous le regard de l’antagoniste et juste avant son exil et bien sûr la scène se passe dans la jungle. Il y a des similitudes avec la scène de son aîné sans pour autant être un copié collé, mais sans doute un clin d’oeil.

Voilà donc notre Héros, seul, qui erre dans la forêt. Il va croiser un autre personnage célèbre du film Kaa, le serpent. La scène du dessin animé est très connue, Mowgli se fait hypnotiser par le serpent qui souhaite le dévorer alors qu’il ne cesse de répéter : « aies confiance, crois en moi ».

Ici, même scène, les fans seront donc comblés, à la différence que le scénariste profite de cet instant où le Héros est dans un état second pour placer un flashback qui précise l’orgine de Mowgli. Une fois de plus c’est bien joué. Ce flashback pourrait arriver comme un cheveu sur la soupe, or ici il parait logique, de plus, c’est un flashback « sous tension ». Ce n’est pas le flashback de Terminator (le passage de la grotte) où nos personnages sont en sécurité et ils se décident de s’expliquer leur motivation, ici on sent que le Héros est en danger et pendant que l’on voit ce flashback qui est en réalité un récit que nous sert Kaa, on sait que le Héros est en danger. En gros on prend l’info mais l’on se dit : « il ne faut pas se laisser endormir par l’histoire ». Bien vu. D’autre part on apprend dans le fameux flashback que Shere Khan a tué le père de Mowgli, ce qui était prévisible mais qui est préférable parce que ça renforce le lien entre les personnages.

Amélioration de la scène de Kaa grâce à un flashback

Arrive l’autre Héros du film, j’ai nommé Baloo, l’ours sympathique. Il sauve Mowgli de Kaa et l’amène dans sa tanière. A noté qu’il y a un changement de caractère de Baloo par rapport au dessin animé. Dans le dessin animé Baloo avait une sorte de force tranquille, et semblait avoir la trentaine / quarantaine. Ici le Baloo 2016 est plus âgé et plus pingre aussi. On le soupçonne d’exploiter Mowgli. Il est assez froussard également. On ne comprend pas immédiatement les raisons de ce changement, mais c’est une fois de plus réfléchi.

Pendant ce temps Shere Khan, retourne voir les loups et met la pression pour savoir où est passé Mowgli. Le Roi lui annonce qu’il est retourné chez les Hommes pour le bien de tous et que ça applanit les tensions qu’il pouvait y avoir entre eux. Shere Khan ne l’entend pas de cette oreille là et il tue le Roi. Mais là où Scarr dans le Roi Lion était intéressé par le pouvoir et fuyait l’affrontement, ici Shere Khan le recherche. Et il se doute que quand l’histoire arrivera aux oreilles de Mowgli, celui ci voudra se venger.

Retrouvons Mowgli laissé avec Baloo. Celui ci lui annonce qu’il l’a sauvé mais qu’il va falloir passé à la caisse pour règler ce sauvetage. Il demande à Mowgli de lui récupérer le miel suspendu hors d’atteinte de Baloo, l’ours mal habile et, qui plus est, qui a le vertige. Mowgli accepte et fabrique une de ses inventions pour faciliter son travail. Le Héros peut donner libre court à sa force / faiblesse sans peur d’être jugé par les Loups. A noter que la scène d’avant, le Roi des loups qui, je le rappelle, symbolisait l’assimilation de la meute est mort, et nous avons dans la scène suivante Mowgli qui abandonne progressivement l’attitude d’un loup pour celui d’un Homme.

Hasard ? Peu probable. Maîtrise ? C’est sûr

Baloo bien content d’avoir récupéré son miel voit en Mowgli la poule aux oeufs d’or. Il lui demande de rester dans la jungle et de monter une sorte d’entreprise du miel, où ils seraient tous les deux seuls actionnaires et bénéficiaires. Baloo disant qu’il a besoin d’une grosse quantité de miel pour pouvoir hiberner et qu’ensemble ils arriveront à faire de grandes choses. Nous abordons un autre thème du film qui est la façon de se conduire dans la vie. Selon la philosophie de Baloo, la vie ne mérite pas de se prendre la tête, donc moins t’en fait, mieux tu te portes, ce qui implique fuir les conflits, fuir le travail, mais aussi fuir les responsabilités. Ce qui l’oppose immédiatement à Bagheera qui incarne la responsabilité et les codes.

Nous avons la chanson de Baloo : « il en faut peu pour être heureux » qui garde l’esprit de la première mouture. Même si au vue de l’attitude de ce Baloo 2016, on perd un peu l’innocence du premier. Là où dans le premier on pensait que c’est une manière de Baloo de faire décompresser Mowgli, donc un peu désintéressé (même si ça reste son pote et qu’il a pas envie de le perdre en le laissant partir dans le village humain) ici ça passe plus, à l’instar de Kaa, pour un moyen de propagande, convaincre Mowgli de rester avec lui à des fins égoistes (pour le miel).

Bagheera retrouve Baloo et Mowgli. L’ambiance change, Bahgeera n’est pas d’humeur à plaisanter et lorsque Mowgli, inquiet, montre les inventions qu’il a mises au point pour l’exploitation du miel, Bagheera est très mécontent et réprime Mowgli sur sa facheuse tendance à se comporter comme un Homme et la nécessité de retourner dans le village humain parce que ce genre d’invention ne peut attirer que des problèmes dans la jungle. Il casse enfin définitivement les motivations « nobles » de Baloo en lui disant qu’il n’hiberne pas, donc c’est bien par gourmandise et profit personnel. Il concéde de partir le lendemain.

Bagheera, dans la nuit, est réveillé par les cris des éléphants, il ne trouve pas Mowgli. Il est inquiet et part à la rencontre des éléphants qui viennent de se faire secourir leur petit grâce à l’invention de Mowgli. Prise de conscience de Bagheera sur l’aspect bénéfique des inventions de Mowgli. Mais Bagheera sait que le Roi Loup est mort et qu’il faut néanmoins que Mowgli retourne se protéger dans un camp humain afin de ne pas subir la colère de Shere Khan qui reste une menace. Il parvient à convaincre Baloo qui va se forcer à dire à Mowgli qu’il ne l’a gardé près de lui que pour son intérêt personnel et qu’il doit partir maintenant.

Scène intéressante, où le personnage dit l’inverse de ce qu’il pense pour le bien de l’autre. Il existe une scène identique dans Le Monde de Ralph, qui est d’ailleurs plus forte que celle ci. La scène ici fonctionne mais n’est pas puissante du fait de la précosité de la relation entre Baloo et Mowgli et le fait que Baloo n’est qu’à moitié dans le mensonge. Il a réellement essayé d’exploiter Mowgli.

Mowgli part s’isoler et se fait capturer par les singes. Nous arrivons à la scène du Roi Louis. Une fois de plus, le scénariste reprend une scène connue, sans perdre la nature de ce passage, on y retrouve la musique, la cité humaine à l’abandon et ce singe qui voudrait être un Homme. Mais il apporte de nouveau de la profondeur à cette scène.

Alors en quoi ?

  • D’abord, c’est Louis qui va apprendre le sombre secret, le spectre de Shere Khan. On comprend que Shere Khan a été brulé par son père en se défendant, ce qui explique la brûlure sur le visage du tigre et qui justifie son animosité envers Mowgli. Même si depuis tout ce temps que Mowgli a grandi auprès des loups, il aurait pu manifester son animosité plus tôt, mais ça c’est un autre débat…
  • Louis permet aussi de recentrer le débat et l’attention sur la fleur rouge. C’est pour lui le centre du pouvoir des hommes, alors qu’on comprendra à la fin du film que la fleur rouge n’est qu’une manifestation du pouvoir des hommes, leur vrai talent étant leur ingéniosité et leur capacité d’adaptation.
  • Et enfin c’est lui qui apprend à Mowgli la mort de son père d’adoption, le Roi Loup. C’est toujours des scènes payantes quand les antagonistes apprennent au Héros une information intime, capitale. La scène clef de Seven est basée dessus.

Sublimation de la scène du Roi Louis

Et tous ces rajouts accordent une force et une puissance que n’avaient pas le dessin animé. Baloo se rachète une conduite en sauvant Mowgli avec l’aide de Bagheera. Baloo ayant dû escalader au péril de sa vie une montagne. On se dit à cet instant qu’il n’est plus uniquement animé par des vues personnelles mais c’est bien un acte d’amitié qu’il est en train d’accomplir. Et à mon sens c’est pour celà que Marks a changé le caractère de Baloo. C’est pour qu’il y ait une évolution. Dans la première version, Baloo ne change pas, c’est un chic type de A à Z. Ici, c’est un menteur, escroc, égoiste qui décide de changer pour son ami. Ils parviennent donc à sauver Mowgli des griffes du Roi Singe.

Ensuite un classique aussi où le Héros demande des comptes aux alliés : « Pourquoi ne pas lui avoir dit la vérité au sujet de son père ? » Luke face à ObiWan par rapport à Dark Vador, pour les connaisseurs. C’est la même chose ici.

Nous arrivons sur la partie finale. Le Héros va dans le camp des Hommes, mais il n’y reste pas, il récupère le feu et retourne vers le camp des loups. A noter que le feu, lorsque Mowgli le voit, y est représenté comme un élément magique, impressionnant, ce qui nous renvoit à la mystique du début. De plus le fait de prendre le feu est un acte qui a une forte résonnance mythologique qui va parfaitement dans l’ampleur que le scénariste a insufflé à ce récit.

Mowgli met le feu par mégarde à la foret et lorsqu’il arrive face à Shere Khan entouré des loups. La prédiction, dont nous avions parlée, se réalise. Il se passe alors une révélation dont je faisais allusion plus haut chez le spectateur qui nous fait porter un regard sur la Nature Humaine.

Le scripte nous fait porter un regard sur nos actions en tant qu’Homme vis à vis de la Nature

Mowgli est déconcidéré aux yeux de ses proches. Il décide alors d’affronter Shere Khan sans le feu. Ce qui, une fois de plus, est bien vue, il se met en danger, il y a un réel conflit et un enjeu de taille. Comment un enfant va-t-il affronter un tigre ? D’autre part, l’autre intelligence du récit, c’est de nous montrer que ce qui a changé dans notre personnage de Mowgli, c’est pas qu’il y ait un Mowgli avec et sans feu, si ça avait été le cas, ça aurait été très superficiel, non ici, le scénariste tient à nous montrer qu’il y a un Mowgli qui se cherche et un Mowgli qui s’est trouvé. Il accepte sa condition d’homme et laisse libre court à son ingéniosité pour piéger le tigre.

Le scripte, je l’ai dit plusieurs fois, à de nombreuses qualités, j’ai relevé une petite maladresse et malheureusement elle est quasiment à la fin du film. Mowgli annonce à Shere Khan, alors qu’ils se font face, qu’il ne fuira plus jamais face au danger et esquive l’attaque du tigre en bondissant sur le piège qu’il avait concocté pour Shere Khan. Ok. Sauf que le saut qu’il fait, en arrière, s’apparente à une fuite. Il aurait été moins ambigue qu’il actionne, en restant fixe, un piège plutôt que de bondir sur une branche. C’est sans doute pour des raisons liées au spectaculaire qu’ils ont opté pour cette solution, mais j’avoue qu’il y a un double sens malheureux.

Une fois le tigre défait, il revient en grâce chez les loups et reprend sa place au sein de la comunauté, et pour que la boucle soit bouclée, Mowgli refait une course avec ses frères loups et remporte la victoire en utilisant ses talents qui font de lui un Homme.

Un scénario très bien écrit, avec du rythme, de l’émotion, une puissance mythologique et une reflexion sur ce qui fait de nous des Hommes. 

Lumière

19 / 20

Une belle lumière, signé Bill Pope, le chef op de Matrix. Il y a de très beaux moments. Donne un coup de jeune à toute l’imagerie que nous avions du livre de la jungle de 1967. La scène du Roi Louis est sublime, et magnifie la puissance de ce singe en le suggérant avec un jeu d’ombre et de lumière magnifique. La scène d’affrontement finale dans la forêt en flamme est également de toute beauté.

Magnifique écrin, la plastique du Livre de la Jungle est irréprochable.

Direction comédien

12 / 20

Il y a en réalité un seul comédien mais nous parlerons également de l’expressivité des personnages. Le petit Mowgli, tout d’abord, est bien casté. Il ressemble physiquement au dessin animé. L’interprétation est globalement bien. Ca aurait pu largement être le point faible du film, trouver un enfant qui ressemble au personnage du dessin animé tout en rajoutant la condition doit savoir jouer, aurait pu s’avérer impossible.

Ici le comédien s’en tire bien. On est jamais loin du cabotinage mais mis à part deux ou trois réactions de sa part où l’on sent qu’il est pas dans le ton, globalement il est bon. Pas exceptionnel, juste bien. Pas de prix d’interprétation donc.

Pour le reste des protagonistes, fait en numérique, un grand soin a été apporté à l’expressivité ce qui était aussi une tâche délicate car très vite on peut basculer dans quelque chose de cartoon, ici, la qualité est au rendez vous.

Bon casting, bien interprété. 

Mise en Scène

14 / 20

Je ne peux pas dire que je sois fan de Jon Favreau. Je n’ai vu que deux autres films de lui, Iron Man et sa suite, Iron Man 2. Mais je n’y suis pas non plus hostile. Ce qu’il fait est propre sans fioriture, sans audace aussi. Il n’est pas pour autant dans le Livre de la Jungle un faiseur de film, il a un point de vue dans les scènes et sait dramatiser une scène. Il suffit de voir les apparitions de Shere Khan pour s’en rendre compte ou encore la scène du Roi Louis.

Ces scènes ne sont pas le fruit du hasard, il y a quelqu’un derrière la caméra, pour autant il n’a pas de style à proprement parlé. Ici sa force c’est d’avoir conscience de l’ampleur des scènes, de son impact émotionnel et mythologique qu’il arrive à mettre en valeur. A l’inverse si je devais trouver un défaut, ce serait un tic de mise en scène qu’il a tendance à reproduire. Dans les scènes de course, il va utiliser une caméra qui va aller à l’encontre du mouvement du personnage dans le but de dynamiser sa course. C’est bien pourquoi pas, mais pas tous les deux plans de course ! Comme en plus ce n’est pas un plan naturel, parce que la logique voudrait que l’on accompagne le personnage, c’est du coup un effet qui se repère très vite.

Pour le reste il y a de bon choix de placement de caméra et un réel sens de l’esthétisme. Et quelques bonnes idées de mise en scène, comme l’apparition du Roi Louis particulièrement soignée.

Une mise en scène élégante, avec de bonnes idées, de beaux cadres et une bonne intuition sur l’impact des scènes.  

Son

16 / 20

Une très belle composition musicale de John Debney à la fois puissante et subtile mettant en valeur les scènes d’action tout autant que les moments d’émotion. L’ambiance sonore est très soignée et contribue en bonne part à nous immerger dans cet environnement numérique.

Le choix des voix est très bon, et la VF est d’excellente facture. La voix de Shere Khan (Daniel Lobé) et du Roi Louis (Eddie Mitchell) sont particulièrement envoutantes. Mais il y a un très bon niveau du côté du couple royale Loup, ainsi que chez Kaa. 

Du très bon travail. 

Direction artistique

16 / 20

Les choix artistiques ont été en bonne partie pris sur le dessin animé. La représentation particulière du village humain, et l’apparition du feu est une nouveauté et est très bien vue et contribue à renforcer l’aspect mythologique du film.

Le choix des décors est magnifique, et sublime nos souvenirs du dessin animé, et nous aide à nous immerger dans ce monde enchanteur. Le design des personnages est bien trouvé, le plus gros changement vient de Baloo. Et le résultat est marche bien. Idem pour des effets comme les yeux hypnotisés de Mowgli. Facile à faire en dessin animé, mais comment retranscrire cette sensation dans un film ? Le choix qui a été fait est le bon.

Du très bon travail. 

Effets Spéciaux

19 / 20

Sublime ! Il n’y a pas d’autre mot. Difficile de ne pas tomber sous le charme de ces effets à la fois beaux et réalistes. Les textures des animaux sont superbes à aucun moment on ne doute de leur existance, l’expressivité des personnages est très bien rendue. Il n’y a pas de fausse note.

Excellents effets spéciaux. 

EN RESUME

LE LIVRE DE LA JUNGLE  est :

– une adaptation d’une adaptation

– écrit avec intelligence et subtilité

– paré d’une dimension mythologique assumée

– rythmé sans temps mort

– soutenu par des effets spéciaux sublimes

– une relexion sur la nature humaine

– un divertissement de choix pour les grands et les petits

– meilleur que le dessin animé de 1967

– un chef d’oeuvre

un film à voir et à revoir

Note Finale

15.25 / 20

Bilan

couverture2J’espère que cet article vous aura plu, sans doute que ce guide gratuit vous intéressera  :

« Tout ce que l’école de Cinéma ne vous apprendra jamais »

(Et qui est pourtant essentiel pour réussir)

A quelle adresse souhaiteriez vous que je vous l’envoie ?

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