Le Petit Prince

Une mère de famille mise tout sur sa jeune fille. Celle ci est promise à un avenir professionnelle des plus radieux. Pour optimiser toutes ses chances, ils décident d’emménager dans une nouvelle zone pavillonnaire plus proche de l’école. Mais voilà leur voisin, un vieil homme, est un original qui va faire découvrir à la jeune fille que la vie ne se limite pas à des études mais qu’il y a une part pour plus de légèreté notamment en lui faisant lire le Petit Prince.

LE PETIT PRINCE est le 4ème film de Mark Osborne. Il sort en Juillet 2015 avec pour budget de 60 000 000 €.

10 Films notables sortis la même année : Mission Impossible 5, Jurassik World, Star Wars 7, Vice et Versa, Fast and Furious 7, Terminator Genesis, James Bond Spectre,  La loi du Marché, Chappie, Avengers 2

C’est parti pour le test.

Histoire

10 / 20

L’histoire n’est pas celle du Petit Prince, c’est le coup de force et la prise de risque de ce film. L’histoire de cette petite fille qui est promis à un avenir tout tracé qui va être contrarié par la rencontre d’un inconnu ayant une vision différente de la sienne n’est pas neuve. C’est le lot de la plupart des princesses de Disney : Raisponce, Jasmine (dans Aladdin), Pocahontas, Cendrion (qui n’est pas une princesse mais dont le destin est tout tracé) qui à la rencontre de l’autre vont changer radicalement et prendre le destin en main. Donc clairement la base de l’histoire n’est pas accrocheuse, de plus pour l’heure, pas de rapport avec le petit Prince.

Et c’est là, nous le disions, la prise de risque / tour de force. Parler du Petit Prince sans respecter l’histoire du livre. Audacieux tout autant qu’ intéressant défi. Alors pari réussi ?

A moitié. Le film embraye assez rapidement sur la présence du livre et reprend la grande partie du livre le Petit Prince sous forme d’illustration de la lecture de la jeune fille ou de d’illustration de flash-back du vieil aviateur. Donc ouf le film parle bien du Petit Prince, ce n’est pas une arnaque à la jaquette (très populaire dans les années 80) mais bel est bien un film qui parle du Petit Prince, mais en parle-t-il bien ? Et je dirai que c’est là où le bas blesse.

Ce film ressemble à un Petit Prince pour les Nuls. Tout y est appuyé, illustré, surligné. Le Petit Prince est un livre universel, ils s’adressent à tous à tout âge. Vouloir en faire une lecture commentée est une erreur terrible. C’est déjà la perte des parents garantis car ils auront l’impression qu’on leur répète plusieurs fois les choses pour être bien sûr qu’ils aient compris. Ce qui personnellement m’agace d’autant que j’ai lu le Petit Prince comme beaucoup. Et se dire que parce qu’on s’adresse aux enfant on a besoin de nous mâcher l’histoire, c’est prendre les enfants pour des débiles. La plupart des grands dessins animés de Disney ne sont pas prémâchés, ils ont différents niveau de lecture ce qui leur confèrent une vraie richesse. Ici elle est balayée par une histoire, pas inintéressante, mais qui fait doublon avec l’histoire du Petit Prince.

Une histoire prétexte pour paraphraser l’oeuvre de Saint Exupéry.

Scénario

12 / 20

Le Scénario est correcte avec des longueurs, on regarde la montre sur la deuxième partie.

Le départ est efficace. On cerne immédiatement les deux personnages principaux. La Mère sympathique quoi que très étouffante, et la Jeune Fille volontaire et studieuse quoi qu’un peu trop scolaire. L’univers, un futur proche, est bien retranscrit, un monde impersonnel et dicté par le rendement et l’efficacité. La parabole avec notre société et la course contre le temps est  bien rendu même si ce n’est pas très original, mais ils contribuent justement à placer le cadre. La dessus rien à redire. Le film se lance bien.

L’arrivée du Vieil Aviateur maintenant. Là cohérence va subitement prendre un coup. Le type vie dans une maison qui jure avec le reste, bien plus vieille, bien plus colorée. L’idée de créer une maison qui jure avec le reste est compréhensible d’un point de vue mise en scène, par contre adieu cohérence. Comment se fait il qu’une maison aussi délirante est été créée dans un monde aussi carré ? Le type est vieux, il avait peut être une maison de ce type avant que le lotissement uniforme ne se crée autour. Ouais… Admettons. Maintenant l’introduction du Vieux, une hélice détruit la clôture de l’héroïne et défonce un des murs de sa maison manquant de tuer la Petite Fille. Le type est dangereux et ne sait pas ce qu’il fait. C’est la première impression, on apprendra par la suite que c’est juste un doux rêveur et qu’il est un peu maladroit. Bien. Que fait il dans la vie ? Il répare un avion. Oui mais il gagne sa vie ? Non. Ah. Tous les personnages dans le film se définisse par le travail, lui n’en a pas. Il est dans un univers quasi carcéral, il a une maison chelou, il manque de tuer la famille d’à côté, il est connu des services de police et il ne fait rien de sa vie. La cohérence une fois de plus en prend un coup. On est dans un dessin animé, certes, mais un minimum. D’autant que le scénariste fait un parallèle entre le monde carré et rigide du réel et celui plus délirant de l’imaginaire et du royaume du Petit Prince. Oui, encore faut il que les deux mondes ne soient pas aussi délirants l’un que l’autre.

Les scènes ensuite s’enchaînent sans heurts, et avec un plaisir certain surtout pour les passages du Petit Prince. A une exception près, la scène de l’ambulance. C’est pour moi, le point culminant du film et cette scène marche à merveille. Malheureusement pour le film, une scène plus tard viendra ternir cette scène. On en reparlera après. D’abord parler des prémisses de cette scène de l’ambulance, la Petite Fille va se disputer avec le Vieil Aviateur. Ok. Mais la dispute, son point de départ vient de la Jeune Fille qui s’enflamme un peu trop vite à mon goût. On pressent l’envie du scénariste qui voulait qu’elle se sépare du vieux. Mais comme la raison ne venait pas, il a trouvé un prétexte… et ça se sent. Mais bon, la scène de l’ambulance marche après donc, le mal est réparé. Sauf que, comme dit plus haut, elle est contrebalancé par un choix malheureux.  SPOIL : A la fin du film, le vieux n’est pas mort. Quelle erreur ! Le plus dur était fait, la scène de l’ambulance est une métaphore de la mort du vieux. De même que le coup de feu hors champ symbolise la mort de la mère dans Bambi. Mais là où Disney a eu le courage de conserver la mort, le scénariste nous replace le vieux à la fin du film. D’autant que le Vieux disait à la petite fille que le Petit Prince était mort mais qu’il vivrait encore dans les étoiles en mode Moufassa dans le Roi Lion. Super. Mais alors pourquoi le ramener à la vie ?  Erreur terrible donc, mais ce ne sera pas la seule.

Continuons, après la scène de l’ambulance il y a la scène de l’avion. Une fois de plus, il faut fermer les yeux sur toute cohérence, on sent bien que l’habitation du vieux est l’antichambre du monde du Petit Prince, si on se dit pas ça, on hurle à chaque fois qu’on voit le Vieux. Passé cette scène nous arrivons dans l’espace et plus précisément sur une planète microcosme de notre planète de travailleur.  Nous y aurons droit à une succession de scène appuyant bien ce que nous avions déjà compris sur les scènes précédentes, tous les habitants des planètes y refont une apparition pour des scènes plus redondantes les unes que les autres. Nous y ferons également la rencontre du Petit Prince plus âgé, une fois de plus erreur terrible et mécompréhension de l’œuvre de St Exupéry. On a pas besoin, ni envie de voir le Petit Prince grand. C’est tout aussi ridicule que de vouloir voir E.T. plus âgé. E.T. est la jeunesse, c’est le passage de l’enfance à l’âge adulte. Si on montre l’incarnation de la jeunesse plus âgé… Ce n’est plus l’incarnation de la jeunesse.  C’est l’erreur qu’à commis le scénariste de Hook avec Peter Pan. Nous voyons donc la Jeune Fille empêtrée dans une suite du Petit Prince dont on se serait bien passé. Le scénariste va d’ailleurs être confronté à un problème majeur. Quel est l’antagoniste. C’est lui qui fait le sel des histoires, or ici toutes la première partie, le seul antagoniste notable est la Mère. Elle est certes influente mais peu active. Donc faible antagoniste et comme elle se retrouve dans l’espace comment trouver un antagoniste ? Pas de problème, on en construit un de toute part en plein milieu du film. Si si c’est possible. Et quoi de mieux comme antagoniste qu’un… professeur. On sent poindre les valeurs incarnées dans ce dessin animé et c’est sa faiblesse majeure. Le prof n’est pas le seul antagoniste (il est éliminé la scène après son apparition !) il y a un homme d’affaire aussi. (éliminé lui aussi la scène juste après son apparition, décidément il ne fait pas bon être contre le Petit Prince). Il s’en ressent un ralentissement certain dans le film, en cause la faiblesse de l’objectif : trouver le Petit Prince. Super dans le monde réel ce serait une entreprise délicate mais on est dans un univers subitement délirant donc on se dit que tout est possible, et que finalement l’entreprise de trouver le Petit Prince semble accessible, voir même anecdotique. D’autant plus anecdotique qu’il n’y a pas d’Enjeu. Que se passera-t-il si elle échoue ? Bah rien, elle recommencera le lendemain. Son avion a décollé de manière improbable, il redécollera bien de la même manière.

Et que dire de la finesse du thème ? Comme dit dans la rubrique « histoire » le scénariste nous fait de ce film, un Petit Prince expliqué mais nous l’avons vu il y a des thèmes, des valeurs qui sont évoqués. Alors comment sont elles traitées ? Les thèmes tout d’abord : le passage de l’enfance à l’âge adulte. Très bien, c’est effectivement un thème à-propos avec le Petit Prince. Mais là où un grand scénariste nous fait comprendre ce thème sans avoir à l’évoquer, ici il n’est pas seulement montré il est dit. Dans E.T. pour reprendre ce film au même thème, JAMAIS le thème n’est prononcé, je n’entends pas Elliot dire : « je ne veux pas grandir, j’ai peur d’être adulte. » JAMAIS. Pourtant on le ressent. C’est ce qu’on appelle de la finesse, ici, la Petite Fille répète « Je ne veux pas grandir », « j’ai pas envie de devenir adulte » et même les autres personnages comme l’homme d’affaire qui lui crie : « tu finiras bien par grandir »… C’est qu’on appelle de la lourdeur.

Finissons par les valeurs. Je l’annonçais, c’est pour moi, la faiblesse majeure du film. Quelles sont elles ? La Liberté et l’imaginaire opposé au Travail et l’organisation. Je comprends le scénariste qui a cherché une opposition. Mais celle qu’il a trouvé est malheureuse, en effet comme nous sommes dans un film manichéen, la liberté et l’insouciance sont le camp du bien et le travail et l’argent celui du mal. Sauf que dire à un enfant que le travail est mal, et que ne pas travailler pour aller s’éclater à jouer à l’avion avec le Papi d’à côté c’est pas tip top. On est loin de Pinocchio qui était transformé en âne pour ne pas aller à l’école et préférer l’amusement. Ici c’est l’inverse. Si tu vas à l’école et que tu es un travailleur, tu es un zombie adulte, si passe tout ton temps à t’éclater à n’en faire qu’à ta tête tout en t’amusant à regarder les étoiles avec ta mère qui a sacrifié sa carrière pour te voir réussir tes études, tu es quelqu’un de cool. C’est la fin de l’histoire… Je ne plaisante pas. Avec en sus, le Vieux bien vivant qui les attend à l’hôpital.

Aie. Mauvais choix une fois de plus. Il y avait pourtant possibilité de montrer la créativité tout en conciliant les études. « Le Cercle des poètes disparus » l’illustre parfaitement. Les cours sont créatifs et laissent planer un parfum de liberté en opposition au cours cadré lénifiant.  Ici on préfère une moral soixante-huitarde de type : il est interdit d’interdire et fume un pétard et tu verras le monde en couleur et c’est plus fun que ces blaireaux gris et ternes qui vont travailler.

FIN SPOIL

Pas d’Enjeu, pas d’objectif sexy, pas d’antagoniste, pas de niveau de lecture, pas de personnage agréable (ce nouveau Petit Prince est un naze), pas de finesse, en somme passé la première partie du film c’est l’ennuie en vue.

Un début plein de promesse, une suite qui les renie.

Lumière

16 / 20

Une bien belle lumière, avec des couleurs bien marqués. A l’instar des Pixar, l’enveloppe des personnages, les textures sont très soignées. D’ailleurs la comparaison de s’arrête pas là, on ne peut s’empêcher de comparer les personnages, surtout la mère à la mère des « indestructibles ». Un parfum de Pixar donc, mais du plus bel effet. La partie sur le Petit Prince est une prise de risque graphique, mais qui réussi  le tour de force. Le style graphique est unique est sied parfaitement le film. La scène de l’ambulance obtient une teinte dans les gris remarquable, je n’avais jamais vu cette nuance de lumière qui colle parfaitement à la scène, la scène du prof tyrannique à des nuances de lumières plus inquiétantes, qui peuvent d’ailleurs faire peur aux enfants. Mais une fois de plus on sent une réelle maîtrise des ambiances.

Alternant ambiance chaleureuse, onirique, inquiétante, lumineuse, ce film est un régal pour les yeux.

Quelques trouvailles, de l’audace, et de la maîtrise. Du très bon Travail.

Animation

14 / 20

L’animation est soignée tout autant que l’expressivité des personnages. Il n’y a rien à redire dessus, l’émotion passe et c’est à la fois la moindre des choses dans une production de cette envergure et à la fois ils n’ont pas à rougir de la concurrence. Sans innovation particulière, ils sont dans les critères de qualité de la production du film d’animation de qualité.

Un travail broadcast. Du bon travail. 

Mise en Scène

15 / 20

Des fulgurances. Il y a des moments bien vus, notamment le début, le cadrage est stylisé et le montage dynamique. Il y a même un clin d’œil ou une inspiration à  « Automaboule » le court métrage de Disney avec Dingo. La suite est propre sans délire visuel, on notera l’idée de mise en scène associé au Petit Prince, qui est LA trouvaille de ce film. C’était osé et c’est réussi. Pour terminé dans la mise en scène je citerai la scène de l’ambulance qui est particulièrement bien cadrée et bien montée, le choix des couleurs est original et soutient parfaitement l’action en cours.

Alternant moment classique et inventif, la mise en scène du Petit Prince est du bon travail.

Son

13 / 20

L’ambiance sonore est de bonne facture et participe bien à l’ambiance du film. La musique signée Hans Zimmer est en réalité plus le travail de Richard Harvey et Camille Dalmais. Ce qui se sent, on retrouve que légèrement la patte de Zimmer, les chœurs peut être… Mais que ce soit lui ou ses assistants importe peu, la musique est belle, touchante, délicate et joue un rôle important dans la réussite du film. C’est du très bon travail, MAIS ! Parce qu’il y a un « mais » les chansons sont une souffrance pour les oreilles, ça sonne mal, mauvais casting de voix. Je précise que je l’ai vu en VF et que peut être (sans doute ?) la VO a une meilleure qualité, pour ma part je ne pourrai noter que la version que j’ai entendu. Heureusement il y a très peu de passage chanté, deux de mémoire, mais quand ça arrive, ça pique les tympans.

Le son est globalement bon, avec un gros bémol sur les chansons en VF.

Direction artistique

15 / 20

Nous l’avons dit le film est beau. Les éléments qui composent le film se répondent tous et il y a une cohérence visuelle. Le choix des passages sur le Petit Prince s’intègre bien dans le film et on l’a dit c’était pas gagné. J’aimerai revenir sur un point en particulier que je trouve par contre être une faute de goût. C’est lié au personnage du Petit Prince. Et plus particulièrement le personnage « adulte » du Petit Prince, outre le fait que c’est un non sens que le mettre, le graphisme et l’attitude du personnage est pas heureux. On comprend l’idée d’en faire un adulte mal dans sa peau, mais là on dirait un grand benêt, un naze, il n’attire pas du tout l’affection et pour tout dire on est même très déçu en le voyant.  Et que dire de ce choix à la fin du film de présenter le Petit Prince en « réel » c’est à dire sans l’effet papier qui lui allait si bien. Le voir comme ça en animation traditionnel avec ces yeux énormes, sa grosse tête et son petit corps, c’est une vision, qui à mon sens, est inutile. Le Petit Prince est inséparable du style de St Exupéry et essayer de le faire en mode moderne est une faute de goût. Et c’est ballot parce que c’est une erreur sur le personnage central…

Un univers cohérent avec des prises de risque qui fonctionnent et d’autre pas. 

Effets Spéciaux

NS

EN RESUME

Le Petit Prince est  :

– un film d’animation de bon facture

– graphiquement irréprochable

– pas subtile

– rythmé au début

– un film touchant mais….

– …moins que le livre

un film à voir à défaut de mieux

Note Finale

13.5 / 20

Allez Plus Loin

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