Une mexicaine, Dani, est traquée par un terminator polymorphe et Grace, une humaine augmentée qui vient du futur, est chargée de la protéger…
Terminator : Dark Fate est le second long métrage de Tim Miller. Il sort 23 Octobre 2019 en France avec un budget de 185 M $ son précédent film étant Deadpool. le film a actuellement engrangé 261.1 M $ faisant de Terminator : Dark Fate un film bénéficiaire, cependant, il a aussi fait le plus mauvais démarrage de la franchise.
10 Films notables sortis la même année : Captain Marvel, Toy Story IV, Ralph II, Roi Lion, Grâce à Dieu, le chant du Loup, Alita, Aladdin, Us, Reine des neiges II
C’est parti pour le test.
Scénario
4/20
James Cameron. C’est Jim qui aurait dû écrire le scénario. C’est ce qui avait été annoncé, c’est ce qui faisait tout le sel de cette suite. Malheureusement, non seulement ce n’est pas lui, mais en plus, nous allons le voir, ce n’est pas les meilleurs remplaçants qui sont au commande. Loin de là.
Le film débute sur une plage où l’on voit bon nombre de crane, faisant allusion au démarrage de Terminator 2 de Cameron. Ce ne sera pas le seul clin d’œil. Ensuite une armée de robots émerge de l’eau et tire dans tous les sens. Transition vers le passé, sur cette même plage, des enfants jouent, et nous voyons Sarah Connor (à l’époque de T2) ainsi que son fils John.
Le T800 toujours incarné par Schwarzzenneger (jeune) arrive tue John sans somation. La scène est surprenante, mais pas dramatisée, ce qui fait qu’on a à peine le temps de réaliser que le sauveur de l’humanité du Terminator 1 et 2 vient de disparaître qu’il faut embrayer sur une autre scène.
Nous voici au Mexique. Premier constat, il y a des sous titres. Le réalisateur a voulu jouer la carte de l’authenticité, et du réalisme, en mettant des hispanophones dans le film.
C’est bien dans un film d’auteur, dans Terminator, c’est pas du meilleur goût.
Un couple se bécote quand arrive sur un bon, la sphère d’énergie qui permet le voyage dans le temps. Pas de bol, une partie du pont se brise à la suite du gel provoqué par l’énergie de la sphère. Le corps du futur, tombe dans le vide, percutant une poutrelle au passage.
Il y a mieux comme arrivé. Les deux hispaniques vont à sa rencontre, ils aident ce voyageur du futur qui sera en fait une voyageuse, Grace, à se redresser et se font arrêter en chemin par la police. Police qui trouve la situation douteuse : deux junkies hispaniques qui portent une femme blanche nue. Il y a presque un comique de situation. Le comique sera de courte durée,
Grace réagit et dégomme avec une puissance surhumaine les agents de police, et laisse en vie les deux toxicos après avoir piqué les vêtements de l’hispanique.
La scène est banale, rien à en tirer. Grace semble être un Terminator vu la puissance qu’elle dégage et vu sa résistance, elle est tombée d’un pont de plus de 10m sans dégâts apparent, et ce qui étonne dans cette scène, c’est que Grace est laissée en vie les deux hispaniques. Une clémence bien étonnante pour un robot.
Scène suivante, on est toujours au Mexique, on suit une jeune femme, Dani, qui va voir son frère qui prend des cours d’anglais, mais qui ne semble pas très à l’aise avec cette langue. Qu’on se le dise, cette scène et les suivantes, sont d’un ennuie puissant. D’abord, il y a des sous titre ce qui est pénible quand on va voir un film comme Terminator, deuxièmement, l’empathie ne prend pas (est ce parce qu’il y a le barrage de la langue ?) on se moque éperdument de la vie de cette fille qu’on ne connaît pas et qui ne ressemble pas, de prêt ou de loin à un personnage de la franchise. De plus le décor, les cadres, rien ne fait Terminator, on est dans Roma d’Alfonso Cuaron (en moins bien mis en scène).
Après ce long passage qui nous a permit de rencontrer le père de Dani. Un Terminator arrive de nouveau avec la boule d’énergie au beau milieu de la cour de l’immeuble de chez Dani, en plein jour. A noté que la sphère est au dessus du sol et le Terminator chute. Décidément, c’est pas très précis comme voyage.
On voit pour la première fois l’antagoniste. On s’en doute, on sent qu’il a été casté comme Robert Patrick pour incarné le T1000. Il a une bonne tête de gentil, alors que c’est un salaud de première. Mais là où dans Terminator 2 la confusion des allégeances est possible, parce qu’il ne vient pas une seconde à l’idée des spectateurs de l’époque que le T800 peut être gentil, et qu’en face on voit un homme avec une bonne tête (le T1000) on pense tout de suite que c’est lui qui va jouer le rôle du protecteur, comme Kyle Reese dans le premier Terminator. Ici, on a bien vu que Grace a épargné les hispaniques, et on sent le copié collé de Terminator 2, donc pour le nouvel arrivant du futur, on le catégorise directement comme étant le méchant de service.
Le fan service fera bien partie de l’histoire.
D’autant que le fait que le Rev 9 (le petit non du méchant) aille se renseigner auprès du père de Dani, nous fait penser à la scène de T2 où le T1000 va voir les beaux parents de John pour savoir où il est. Ça renforce notre impression de déjà vu et ça nous conforte dans l’idée que ce Rev 9 est bien l’antagoniste de notre histoire.
Dani et son frère vont au travail, et dans l’atelier, il y a une tentative de thématique : Le frère de Dani est remplacé par une machine (cette thématique ne sera jamais développé autrement qu’en parlant des robots dans le futur, il n’y aura plus d’échos avec le présent) Dani, révoltée va en parler à son patron. Tentative de nous montrer que Dani est une femme forte. Tentative donc, parce que les scénaristes parviendront à faire un arc de régression du personnage (et non de croissance comme toujours). En effet son personnage débute fort, et progressivement devient de plus en plus inexistant (alors que c’est sensé être l’héroïne !) sauf à la fin, où elle devient subitement active (et encore, ce n’est pas elle qui tuera le Rev 9 mais le T800….).
Une thématique mal maîtrisée.
Mais revenons en à Dani, elle vient de protester auprès de son patron. Pendant ce temps, Grace arrive à l’atelier, avec un fusil à peine dissimulé derrière une veste. C’est de nouveau un clin d’oeil maladroit à T2 avec le passage du fusil du T800 caché dans le paquet de rose. Sauf que dans T2, le fusil est vraiment caché, ici, il est bien visible, et on se demande comment Grace a pu blouser les types qui travaillent là, elle ne ressemble pas à une mexicaine, elle ne travaille pas là, et elle a un fusil visible sur elle. Mais tout est normal.
Au même moment, le Rev 9 arrive en ayant la forme du père de Dani, ce qui lui permet de rentrer dans l’atelier. Pourquoi pas. Grace le repère et lui tire dessus, alors qu’il se rapprochait dangereusement de Dani. Et alors que le coup de fusil met à nu le visage robotique du Rev 9, on a droit à une des pires réaction de personnage depuis bien longtemps, Dani se précipite vers le Rev 9 en criant ; Papa !
La pauvre fille ne réalise même pas qu’il y a quelque chose qui cloche… oui, c’est bien notre héroine.
Une héroïne qui fait pitié.
Affrontement de Grace et Rev 9. Scène en mouvement, sans enjeu, sans intérêt. De plus, j’en reparlerai plus tard, mais le fait qu’il y ait des trucages numériques dans les combats, rend l’ensemble faux, et sans réel enjeu, on se dit que ces créatures sont immortelles et qu’elles peuvent bien se taper dessus, on s’en moque.
Grace attire Dani et son frère vers la sortie, il monte à bord d’un véhicule faisant penser à la camionnette prise à la fin de T2.
Ils sont poursuivis par le Rev 9 qui prend un camion de chantier pour les poursuivre. La scène fait bien sûr penser à la poursuite de la moto par le camion dans T2. La scène de ce nouveau Terminator est intéressante, mais n’est pas bien maîtrisée, elle est confuse et sans inspiration dans sa conception. Elle aurait pu donner bien plus dans les mains d’un vrai réalisateur.
Pendant la course poursuite, Grace expose la situation à ces compagnons, procédé identique que dans Terminator 1.
Sauf que tout ce qu’elle annonce, soit on s’en moque, soit on le savait déjà.
Les personnages, après leur cavalcade, ont un accident et se retrouve en danger, d’ailleurs le frère de Dani (dont tout le monde se moque) décède. Le Rev9 se rapproche et là venu de nulle part arrive un nouveau protagoniste qui va les sauver : Sarah Connor.
Premier choc : son visage. Je ne l’avais pas vu depuis bien longtemps, et elle n’a plus rien à voir avec la comédienne des précédents opus. Mais pourquoi pas, ça lui donne un cachet de baroudeuse qui à tout vu, tout entendu.
Elle arrive donc de nullepart et sort un bazooka (?!) et dégomme le véhicule du Rev9. Les héroines s’échappent et s’en suit une sortie des flammes du Rev9 pour un petit supplément de fan service.
Et là tout est dit. Le film a déjà donné tout ce qu’il peut : des scènes improbables, du fan service, des comédiens de la première heure en bout de course, et des effets spéciaux parfois pas convainquant.
Examinons maintenant les personnages :
DANI
C’est le personnage le plus raté du film, et c’est dommage c’est l’héroïne ! Présente au début, elle est de plus en plus effacé au fur et à mesure que l’histoire progresse au profit de Grace. Son histoire est mal amenée au point qu’on s’en moque totalement. L’affrontement final entre elle et le Rev9 n’a donc aucune saveur. De plus, comme dit plus bas, elle ne parvient même pas à en venir à bout.
GRACE
C’est elle, la véritable héroïne du film. Son personnage est plus intéressant et plus actif que Dani. En revanche, il est victime d’une erreur scénariste grave, le fait de présenter sa faiblesse à postériori est une erreur terrible. Le fait de la voir toute puissante au départ nous fait penser que c’est un robot, donc toute puissante. En réalité c’est une « femme augmentée » ce qui implique qu’elle peut souffrir et mourir. Or on ne l’apprend qu’après deux scènes d’action durant lesquelles on se dit : « bah c’est un robot il peut rien lui arriver ! » Or si nous avions su dès le départ que ce n’était pas le cas, nous aurions pu être plus impliqué dans les scènes d’action.
SARAH CONNOR
Personnage assez antipathique qui essaye de conserver le leadership qu’elle avait dans les précédant opus tout en passant le flambeau. La passation fonctionne, mais le leadership passe mal, on la sent systématiquement en conflit avec l’autre personnage fort qu’est Grace, et comme Grace est l’héroïne réelle de ce film, tout opposant est ressenti comme un obstacle et là c’est Sarah Connor. Et ressentir un sentiment désagréable vis à vis d’un personnage qu’on a tant apprécié aupparavant est très irritant. Parce que soit on l’aime plus, soit on se dit que ce personnage ne ressemble pas à la Sarah Connor qu’on a connu et donc on penche vers une erreur d’écriture. Quoiqu’il en soit je pense que ce n’était pas la bonne approche pour ce personnage.
REV9
On sent bien la volonté d’en faire un T1000 plus puissant. Malheureusement deux problèmes vont se placer sur son chemin : la mise en scène et l’écriture. La mise en scène d’abord, il faut du génie pour faire passer un Robert Patrick pour un personnage inquiétant, parce qu’il fait gendre tranquille, alors qu’il est en réalité un tueur méthodique, ici, le réalisateur n’est pas un génie, j’aurai l’occasion d’en reparler, donc le comédien qui, en lui même, ne véhicule pas de menace semble du coup sans charisme, alors qu’il est juste bien casté mais mal servi. L’écriture maintenant. Ce Rev9 cumule beaucoup d’incohérence qui font qu’à chaque apparition on pleure en voyant la stupidité de la scène. Nous avons vu l’apparition du Rev9 en prenant le corps du père de Dani, ce passage est particulièrement raté, mais il y a pire. Pourquoi le Rev9 se déguise-t-il ? Je me pose cette question, parce que systématiquement il essaye d’être discret de se la jouer infiltration puis au beau milieu du chemin, il défonce tout le monde. Mais quand je dis tout le monde, c’est tout le monde.
Dans la base militaire, il ne craint vraiment personne et défonce une armée. En réalité, ce Rev9 est indestructible et ne craint vraiment rien. Alors pourquoi se camoufler ? Il peut tout aussi bien rentrer en force, le résultat sera le même. Le passage où il demande à un type sa moto pour faire allusion au T1000, ce passage n’a pas de sens, il devrait prendre la moto. Point. Il n’a pas à la négocier. Et cette attitude détruit tout ce qu’entreprend ce personnage, parce qu’on ne le comprend pas.
Le prédator par exemple se camoufle mais se fait un point d’honneur, lorsqu’il trouve une proie à sa mesure à l’affronter d’homme à homme sans arme, et étant visible. Très bien. ça traduit quelque chose du personnage. Ici pour le Rev 9 ça ne traduit qu’une erreur d’écriture.
Le T800
Le massacre vient de se personnage, il y a des persos ratés comme celui de Dani, mais il y a des persos massacrés comme ce T800. Non content de physiquement n’être plus que l’ombre de lui même, la personnalité du personnage n’est plus. Et à inverser brutalement sa personnalité, on en crée une parodie. Nous avions un T800 implacable, insensible, froid et méthodique. Nous trouvons un T800 sensible, chaleureux, blagueur, qui change les couches et boit de la bière. Mel Brooks ne s’y serait pas mieux prit pour tourner en ridicule le Terminator. Et le problème c’est que le Terminator c’est l’icone de cette saga. Le dénaturer c’est dénaturer le coeur du film.
De plus, à l’instar du Rev9, le T800 cumule les incohérences. Comment se fait-il que le T800 est pu devenir comme ça ? Dans le film, il le justifie en disant que c’est parce qu’ils sont programmer pour se fondre dans la masse. Ce qui est bien sûr faut. C’est l’idée qu’en avait Cameron au départ (et qu’il réutilisera avec le T1000) en prenant Lance henriksen dans le rôle du Terminator. Mais l’histoire aura voulu qu’il prenne Arnold Schwarzeneger qui est tout sauf quelqu’un qui se dissimule dans la foule. Aussi a-t-il revu sa copie pour en faire un tank qui avance, détruit et tue tout sur son passage. Donc le T800 est programmer pour ça et une fois que sa mission est accomplie, il n’a plus de raison d’être. On pourrait imaginer qu’il se mettrait en veille pour attendre d’autre instruction. Mais certainement pas qu’il fonde une famille et choisisse des rideaux ! D’autant que quand Sarah Connor vient lui demander de l’aide pour fumer un autre Terminator, il devrait formellement s’y opposer vu qu’il ne fait pas parti du camp des humains.
Autre problème : comment se fait-il que sa femme ne se soit douter de rien ? Il pèse 500kg, il ne mange pas, ne va pas aux toilettes ? Comment c’est possible ? C’est juste impossible, c’est juste un prétexte pour placer notre Terminator dans un contexte le plus improbable qui soit pour faire rire. Sauf que c’est pas ce qu’on recherche lorsqu’on va voir Terminator.
Un scénario plombé d’éléments incongrus, mal maîtrisés quand ils ne sont pas carrément de mauvais goût. Prenez une héroïne complètement aux fraises tout du long film, un Terminator totalement dénaturer, saupoudrez le tout de fan service et vous obtiendrez un scénario bancal, mal équilibré, en un mot : raté.
Sens et Profondeur
10/20
Essayons de voir les thématiques abordés dans ce Terminator.
Nous l’avons vu, certaine thématique on était abordé puis abandonné en cours de route. En revanche il y en a une qui est abordé et qui est amené de A à Z.
Cette thématique c’est l’inversion des valeurs Homme / Femme. On pourrait même dire l’aspect girl power à tous les étages, très en vogue en ce moment.
Premier élément : la composition de l’équipe : que des femmes. Les hommes sont tué, ou effacé. Le premier a en faire les frais c’est John Connor qui non content de se faire abattre dans une séquence, on gomme même son destin ; ce ne sera plus lui qui sauvera l’humanité. A bon ? Et dans ce cas, s’il est éliminé dans les années 90 comment fera t il pour envoyer Kyle Reese qui préviendra Sarah Connor (ce qui induit que si elle n’est pas au courant elle ne peut pas se transformer en soldat guerrier) ?
On s’en fou ? On s’en fou.
C’est donc John qui disparaît (mais pas Sarah) et ce sera ensuite le Terminator. Symboliquement on lui retire tout ce qui fait de lui un homme, pour le transformer en femme. Je parle bien sûr d’inversion de valeur, le T800 ne devient pas littéralement une femme, mais il se féminise, et un terminator qui est un tueur sanguinaire implacable qui subitement a des sentiments, donne le biberon, change la couche, fait du tricot, symboliquement, il est tué. Il n’est plus.
C’est d’ailleurs amusant de voir comment il est difficile de donner une fibre féminine ou masculine sans transformer directement l’autre dans le sexe opposé. Dans Terminator 2, le T800 était plus sensible (sans jamais pleuré, comme le dit le T800 : « maintenant je sais pourquoi vous pleurez mais c’est quelque chose que je ne pourrai jamais faire ») En réalité, le T800 était devenu, des mots de Sarah Connor elle même, « le père idéal » il est puissant, protège sa famille et a de l’attention vis à vis de sa famille. Point.
Sarah, elle, dans Terminator 2, avait pris en masse, et s’était entraînée à être un militaire, elle s’était masculinisée. Pour autant, elle n’avait pas perdu sa fibre maternelle, même si elle était rude envers son fils quand elle le rabrouait par rapport à son implication dans sa libération par exemple, elle sera tout du long du film proche de son fils, comme une mère.
Ici tout est gommé, comme s’il y avait une inversion totale, je suis sûr qu’on ne serait pas choqué de mettre un comédien à la place de Grace et une comédienne à la place du T800.
Maintenant que nous avons abordé les attitudes, voyons maintenant les éléments plus précis.
Tout d’abord la coupe de cheveu de Grace que l’on pourrait appelé « garçonne ». La corpulence (musculature qui fait penser à celle de Sarah Connor dans le T2) Ensuite les vêtements. Il se passe quelque chose d’étonnant avec ces vêtements. Dans la première scène de Grace, elle arrive nue. Puis rapidement rencontre un couple d’hispanique. Un garçon et une fille. Après que Grace est mis une raclé aux policiers, elle va prendre les affaires de l’homme et non de la femme.
Lorsque Grace est emprisonnée, elle va être interrogé par un homme et une femme, elle va neutraliser les deux, mais c’est le mec qui se retrouvera dénudé et c’est donc avec les fringues de l’homme que Grace va sortir. On pourrait croire que c’est une question de carrure, que les affaires d’une femme serait trop étroites pour elle, mais la comédienne qui joue Grace n’est pas si carré et les femmes qu’elle neutralise ne sont pas si fluettes.
Je pense que c’est une attitude délibérée. C’est un film girl power. Le pouvoir aux femmes. Et contre qui se battent-elles ? Contre un homme évidement, le Rev9.
D’ailleurs si l’on va plus loin dans l’analyse de l’aspect girl power militant, on se rend compte que les trois filles ne forment pas simplement un groupe, mais une famille. Les deux mamans étant Sarah et Grace, et Dani est leur enfant. Lorsqu’elles sont dans le motel et que Grace et Sarah se prennent la tête, Sarah ne dit elle pas à Dani : « Papa et maman se disputent, c’est une discussion d’adulte » laissant sous entendre qu’elles sont bien les parents et que Dani n’est pas une adulte, donc une enfant, leur enfant.
A travers ce prisme, tout fait sens, tous les hommes ne sont pas à la hauteur (le frère de Dani ainsi que son père) et le bon pote un peu efféminé (parce que sinon forcément mauvais parce que viril) n’est autre que le T800 qui se sacrifiera pour anéantir le mal toxique qu’est le Rev9.
Terminator se veut être dans l’air du temps en faisant un film girl power. Cette thématique, un peu trop politisé à mon goût, est bien traité cependant elle court-circuite le Terminator dans ces fondements pour totalement l’annihiler.
Lumière
13/20
La lumière est de bonne facture, alternant des ambiances chaude dans la ville d’origine de Dani qui font penser à la lumière de T2 quand ils font une escale au Mexique. Le reste est globalement bleu ce qui est la lumière de Terminator. Donc plutôt raccord avec ce qui a été fait auparavant.
Un travail honnête qui respecte les codes d’origine sans jamais les trahir ni les transcender.
Direction de Comédien
12/20
On ne va pas se cacher derrière son petit doigt, ce n’est pas dans cette catégorie que Terminator Dark Fate va faire le plein de point. On va quand même faire un petit état des lieux car des surprises peuvent s’être dissimuler.
A tout seigneur, tout honneur, nous allons commencer par l’héroïne.
NATALIA REYES
Comme nous l’avons, elle n’est pas avantagée par un scénario très mal écrit. On va dire qu’elle fait le job avec ce qu’on lui donne. Elle ne tire pas le film vers le bas, par une prestation approximative, ni le hisse vers le haut avec une implication supérieure à la moyenne. On est dans les clous.
MACKENZIE DAVIS
Voilà pour moi la surprise de ce film. Très impliqué physiquement, mais également émotionnellement, elle donne corps à ce personnage qui pourrait vite être une sorte de super héroïne de base. Si elle a réussi à sortir un peu d’âme de ce personnage, on peut qu’imaginé si on avait eu aux commande un vrai réalisateur, et un bon scénariste.
GABRIEL LUNA
Injustement il lui a été reproché de ne pas avoir de charisme, mais on a tendance à oublier que Robert Patrick n’en avait pas non plus et pourtant il a fait un T1000 inoubliable. Ce qui a fait la différence, c’est une excellente écriture et surtout une mise en scène qui rend n’importe quelle scène cool sublime. La mise en scène de Cameron avait transcendé le jeu de Robert Patrick. Ici pas de chance pour Gabriel Luna, ce n’est pas Cameron aux commandes. De mon point de vue, il est bien casté par rapport au type de personnage qu’il voulait en faire, mais Luna n’a pas l’espace pour donner de l’épaisseur à son personnage. Il est donc difficile de se prononcer par rapport à son jeu. Je dirai qu’il fait ce qu’on lui dit de faire, rien de plus ne transparaît. Après dire que le film est un échec à cause de lui, serait une grave erreur. Il n’est qu’un dommage collatéral.
LINDA HAMILTON
Là on attaque les points qui fâchent. Le parti prit est intéressant : faire en sorte que Linda, à force de traquer les machines pour les exterminer, devienne elle même une machine (humaine). Elle est froide, insensible, intransigeante. Pourquoi pas ? Le problème c’est la crédibilité, Linda Hamilton n’a pas le physique de ses convictions. Dans T2, elle pouvait donner le change, même si, comme on l’a dit, elle gardait une part de féminité. Ici elle fait plus Catherine Lara rockeuse de diamant qu’un robot implacable. Donc on comprend l’idée mais on la voit pas en action. Ensuite pour ce qui est de l’interprétation en elle même, elle est correcte, mais ce n’est pas elle qui porte le film à bout de bras comme le son parfois les héros vieillissants des licences, je pense à Alien. Sigourney a systématiquement porté les films à bout de bras. Ici elle est une icone sur le déclin. Elle ne cachetonne pas comme je l’ai souvent lu, mais elle ne prend pas l’espace que pour le coup on lui a laissé.
ARNOLD SCHWARZENEGGER
Paradoxalement c’est un des Terminator où il a le plus de place pour donner libre court à son jeu. Alors oui, on l’a dit le scénariste lui fait faire des choses délirantes et disons le franchement parfois à la limite du grotesque. Mais la question ici est : le fait il bien ? J’en ai bien la sensation, on sent même un certain plaisir d’Arnold a jouer le papa moderne XXL. Plutôt un bon point pour Swarzy.
Plutôt scolaire, pas de contre performance, même si l’on appréciera la prestation de Mackenzie et la bonne volonté d’Arnold Schwarzenegger.
Réalisation Et Mise en Scène
8/20
Dire que c’était James Cameron qui devait le réaliser… C’est sûr que lorsque j’ai appris qu’il ne serait qu’à l’écriture, et à la production, j’étais moins enclin à le voir. Mais bon, s’il est à l’écriture, ça augure du meilleur quand même ! Et comme nous l’avons vu, ce fut une erreur. Le film est très mal écrit, et visiblement, lorsque l’on regarde le générique, Cameron n’est même pas crédité à l’écriture….
Alors a-t-il participé au montage ? Y a-t-il quelque chose de James Cameron dedans ? Si l’on en croit ce qu’il aurait dit, le tournage s’est très mal passé avec le réalisateur qui avait une vision différente de ce que voulait faire Jim, et il y aurait eu des tensions qui ont continuées jusqu’au montage. Bref, là où avec Robert Rodriguez sur Alita tout s’était très bien passé, ici sur Terminator avec Tim Miller rien ne va plus entre les deux hommes. Alors Miller a-t-il bien fait de tenir tête à Cameron ?
Si vous avez lu plus haut les articles, vous savez ce que j’en pense, Miller a commis plusieurs erreurs qui ont complètement déservi le film.
Tout d’abord son intro. Comment n’a-t-il pas pu se rendre compte que cet intro n’est pas du tout filmé dans le même ton que le reste du film ? C’est pourtant flagrant. Lors de l’intro, avec Dani et sa famille, on est dans un film d’auteur de type Roma, et ensuite on bascule dans un film d’action à la fast and furious. Les deux films ne matchent clairement pas. Ce qui traduit une envie du réalisateur de filmer autre chose que la matière qu’il avait entre les mains. On peut alors légitimement se demander si la motivation y était au moment où il a tourné le film.
Ensuite la séquence de course poursuite est brouillonne, peu lisible et c’est d’autant plus dommage qu’elle avait du potentiel, mais ici filmé maladroitement. Soucis que l’on retrouvera de part et d’autre dans le film. Ca traduit autre chose, que c’est un réalisateur de la génération MTV qui n’a pas réfléchit son découpage, mais qui a fait « a l’instinct » en filmant la scène avec plusieurs caméra et en invoquant le fameux : « on verra au montage ».
Ce qui induit qu’il ne savait pas précisément comment filmer, qu’on ressentait déjà dans Dead Pool.
Enfin sa direction d’acteur est pas optimisée. Le pauvre Gabriel Luna en fait les frais, il n’est pas mis en valeur de tout le film. Les seuls plans iconiques sont des plans clin d’oeil repris des anciens terminator. Ce n’est pas en étant dans l’ombre d’un comédien qu’on peut lui permettre de trouver sa propre dimension. Et que dire de Linda Hamilton ? On sent le concept art derrière, en misant tout sur les vêtements un peu cool et en se disant que l’habit fera le moine. Sauf qu’une fois dans le costume, il faut le jouer, et pour bien le jouer il faut diriger et malheureusement on ne sent pas de plus, on ne sent pas d’âme à tout ça. Et c’est le travail du réalisateur de pousser ses comédiens.
Ici on sent qu’il lui a dit : tu connais le rôle mieux que moi, vas-y joue !
Mais c’est pas de la direction de comédien ça. Et quand on voit Schwarzy, et les autres comédiens on se dit que c’est d’autant plus miraculeux d’avoir eu la prestation de Davis.
Le réalisateur visiblement pas inspiré par sa matière première, ne sait trop comment réaliser ni dans quelle direction, là où pour un film what’s the fuck comme Dead Pool ça peut avoir son charme, ici on voit de manière criante que Miller devrait retourner étudier la réalisation parce qu’il n’est clairement pas à la hauteur de ses ambitions.
Travail Sonore
12/20
Guitare sèche avec des petites notes hispanique pour l’introduction qui est au Mexique qui marche bien, qui font penser au village dans le premier Diablo pour ceux qui connaissent.
De grosse basse, avec de puissantes percussions, couplé de sons électros comme le fait Junkie XL (qui signe d’ailleurs un titre dans la BO) Un peu trop bourrin et difficilement écoutable sans avoir les images devant les yeux. Là où un compositeur comme John Williams va prendre le tempo et s’arranger pour qu’une mélodie « rebondisse » sur les temps forts de l’image, ici c’est une boite à rythme où l’on peut faire varier la fréquence en fonction des séquences et le son qui s’arrête en plein milieu d’une phrase musical histoire de créer un suspens et ça reprend, il n’y a pas de volonté affiché à créer de la musique, il y a une volonté de faire du bruit en rythme, ce n’est pas pareil.
Reste que c’est efficace, mais qu’il est difficile en sortant du film de ce souvenir d’un thème particulier.
Pour les moments d’émotion Tom Holkenborg utilise des nappes avec du violon et du piano, il va vers ce qui est simple et attendu. Toujours pas de thème. Toujours pas d’inspiration.
En revanche le doublage est bon et le sound design et les ambiances sont bien réussies.
Absence de thème marquant, beaucoup de bruit en rythme, ponctué de temps en temps par le thème de Brad Fidel. Reste que la musique est efficace et qu’elle colle bien à l’image.
Direction Artistique
10/20
Assez quelconque, ce n’est pas ce qu’on retiendra. Les points que l’on peut mettre en lumière sont :
- la scène d’intro qui n’a rien à faire dans un Terminator. Problème flagrant de direction artistique.
- la transformation du Rev9. C’est intéressant, même si des règles sur ce personnage sont établies comme le fait qu’il peut se transformer en arme, puis en cours de route élément qui est abandonné.
- le problème de drogue de Grace. Élément intéressant qui n’est pas assez mis en valeur et qui manque de design.
- La tenue de Sarah Conor, directement tirée d’un concept design, qui doit être stylé sur papier, mais rend un peu too much sur Linda Hamilton.
- Bon design pour la maison de bûcheron du T800. On cerne tout de suite le personnage, avec sa tenue forestière, sa bière et ses rideaux. C’est comme on l’a dit, incohérent par rapport à la saga, en revanche dans le cadre de ce qu’il souhaite faire transparaître du personnage, ça marche.
Alternant des bonnes trouvailles et des idées qui auraient dû rester au stade de concept, la direction artistique s’en sort de manière honorable.
Effets Spéciaux
9/20
Aussi étonnant que ça le soit, ce n’est pas le point fort de ce film. Les effets même s’ils fonctionnent, il y a certains effets foireux et d’autre qui vieilliront très mal.
J’ai été choqué de voir le manque de finitions des Terminators lors de leur apparitions sur la plage. Certains Terminator qui sont dans l’eau n’ont pas d’interaction avec l’eau ! Pas d’onde, comme s’ils étaient collé dans l’image !
Lors des courses poursuites on sent les détourages, et certaines voitures numériques.
Et les interactions lors des combats des robots fait très synthétiques et nous empêche de croire à ce que l’on voit, on a l’impression de regarder un combat de Dragon Ball avec deux personnes invulnérables qui se tapent dessus. A aucun moment on ne tremble pour Grace.
Pas convainquant, et plus le temps passera, moins ça le sera.
EN RESUME
TERMINATOR DARK FATE est :
– un film sans James Cameron
– avec Linda Hamilton et Arnold Schwarzenegger qui lui est content d’être là
– très mal écrit
– parsemé de fan service
– sans musique mais avec du bruit orchestré
– avec des effets spéciaux en carton
– avec Mackenzie Davis motivée et investie
– avec un réalisateur à la dérive
– un film militant féministe
– un film qui devait être la suite de Terminator 2 mais qui sera le coup d’arrêt de la saga
un film à éviter
Note Finale
9,75 / 20
Bilan
A quelle adresse souhaites-tu que je te l'envoie ?
Je déteste les spams, votre adresse mail ne sera jamais cédée ni revendue 😉