Comment faire un film quand on a pas fait d’école de cinéma ? 3/3

Tu n’as pas fait d’école de cinéma, mais tu rêves de faire un film ?

Voici les étapes qui te permettront d’y arriver.

Alors prends des notes et fait le plein de motivation, parce que tout ne se fera pas tout seul.

Voici le dernier article des trois que j’ai fait pour expliquer comment faire un film en partant de zero. Le premier ce trouve ici :

comment faire un film quand on a pas fait d’école ? 1/3

Et le deuxième ici :

comment faire un film quand on a pas fait d’école ? 2/3

Continuons par la postproduction du film. C’est parti !

Introduction

La troisième partie que nous allons voir comprend les éléments indispensables au bon fonctionnement d’une bonne fin de tournage.

Ils sont évidemment simplifiés et ne comprennent que l’essentiel pour se lancer.

Mais sans ces étapes, jamais, il ne sera possible de mener à bien une bonne fin de tournage.

Concentrons nous sur la phase que nous appelons la postproduction.

1 – Fin de tournage

Voilà le tournage s’achève.

Tu as réussi à tourner tous tes plans, félicitations !

Il y a eu des moments de doutes, des moments difficiles mais aussi des moments inoubliables de joie collective et plénitude créative.

Tu as tenu, contre les fatigues, les imprévus, les guerres d’égo. Bravo pour tout ça !

Bon maintenant que tout est dans la boite qu’est ce qu’on fait ?

Déjà il faut mettre en sécurité ce qui a été tourné. On va alors faire ce qu’on appelle des backups.

C’est à dire qu’on copie toutes les cartes de rushes sur un disc externe et on fait également ce qu’on appelle des doubles backups en le faisant une seconde fois sur un autre disque au cas où il y aurait eu un bug lors de la copie.

Bien sûr lors du second backup, il faut faire cette copie à partir des cartes d’origines et pas faire une copie du premier backup sous peine de copier les problèmes de la première copie !

Maintenant que tout est en sécurité, tu vas pouvoir rejoindre l’équipe pour la fête de fin de tournage.

Cette fête peut avoir lieu immédiatement après le dernier plan tourné, mais il est assez fréquent que cette fête est lieu quelques jours (voir semaines) plus tard.

C’est l’occasion de clore ce moment passé avec l’équipe.

Bien souvent si on se revoit plusieurs jours après, c’est le moment de repenser à cette expérience collective.

On se remémore les grands moments du tournage, parfois même on tire des leçons des évènements, et parfois même (plus rare heureusement) on règle des comptes.

La grande majorité du temps, c’est un moment assez agréable, parce qu’on peut profiter des conversations, alors qu’en tournage on est toujours pressé par la montre. Et bien souvent c’est aussi un moment triste, parce qu’après toutes ces épreuves où l’on vivait les uns avec les autres, on doit se séparer.

Et le plus tragique, c’est qu’on ne sait pas quand on va se revoir.

Dès qu’il y aura la possibilité de faire un film, c’est sûr, vous reformerez l’équipe ! Mais ce moment arrivera peut être dans un an ou deux, ou peut être jamais

Et même si on se dit qu’on se reverra même s’il n’y a pas de tournage, 9 fois sur 10, on sera happé par notre vie quotidienne et le projet de se revoir restera à sa forme d’envie sans se concrétiser

Mais ne brûlons pas les étapes, car il y a encore une possibilité de se revoir bien légitime, c’est la projection du film. Alors tout le monde vient aux nouvelles :

Est ce que le montage se passe bien ? Est ce que telle scène passe bien ? Quand est ce qu’on pourra voir le résultat ?

Alors oui, question : comment se passe le montage ? C’est ce que nous allons voir maintenant.

2 – Le dérushage

Finis le tumulte du tournage, tu te retrouves maintenant en petit comité. Dans la plupart des cas, à deux, toi et le monteur. Dans mon cas, je me retrouve seul, vu que c’est moi qui monte.

C’est maintenant que tu vas replonger ton nez dans ton travail.

Si je peux te donner un conseil : arrange toi pour voir les rushes seul ou uniquement avec le monteur.

Parfois l’équipe souhaite découvrir les rushes en même temps. C’est une très mauvaise idée, parce que l’équipe, je le rappelle n’a pas la même implication que toi, et elle risque de juger le travail effectué alors que le boulot n’est pas terminé.

Tout le monde n’est pas capable de juger un travail en cours.

Le monteur bien sûr le peut, c’est son travail, toi tu le peux, tu sais à travers ce que tu as filmé ce qui va raccorder, avant et après.

Tu peux voir ce que les autres ne voient pas.

Alors préserve tes rushes du regard des autres qui risquent de se moquer ou d’avoir des pensées négatives du genre : « on s’est fait chié pour ça ».

Tu n’as pas besoin de ce genre de réflexion, tu dois préserver ton film, il est pour le moment sans défense, bientôt il sera à même de pouvoir se défendre, mais pas pour le moment.

Donc dérushe, si c’est toi qui fait le montage, ne regarde pas passivement tes rushes ! Surtout pas !

La première vision est très importante ! Il n’y a qu’une seule première vision.

Donc prend des notes, modifie le nom de tes plans en fonction du nom que tu lui as donné sur ton clap (et à priori aussi sur ton storyboard). Et notes les prises que tu trouves les meilleures.

Ne lis pas immédiatement le rapport de scripte, il pourrait t’induire en erreur.

Une fois que tu as passé en revue tous tes rushes, tu fais ce qu’on appelle alors le dérushe, tu peux alors regarder le rapport de scripte. En grande majorité tu auras choisi les mêmes prises que celle que tu as donné à la scripte. Mais il peut arriver des surprises, des moments où tu as été trop dur ou trop laxiste avec le comédien et parfois il y a des prises que tu auras choisis au dérushage alors que tu avais oublié que le son n’était pas bon, ou qu’il y a un reflet où l’on voit des membres de l’équipe, et que c’est une chose qu’on avait repéré sur le tournage mais que toi sur ton écran de montage tu n’avais pas vu.

Une fois que tu as fais le trie entre ce que tu souhaites conserver ou non comme plan, tu auras terminé le dérushe, il sera temps de passer au montage en lui même.

3 – Le montage

Muni de ton storyboard, tu vas prendre tous tes plans sélectionnés et les mettre dans le bon ordre sur ta timeline de ton logiciel de montage (je te conseille Première d’Adobe et non plus final cut comme ça l’a été pendant des années mais qui est plus assez professionnel désormais.)

Une fois que tu as mis tous tes plans sélectionnés sur la time line, on dit que tu as fait ce qu’on appelle « l’Ours ».

L’ours est donc une version brouillonne du montage final.

Le principe du montage est on ne peut plus simple, mais

c’est son utilisation de manière pertinente qui est difficile.

C’est comme jouer au jeu de Go, les règles s’expliquent en deux minutes mais les grands joueurs vont passer leur vie à élaborer des stratégies pour être bon. Donc ce n’est pas parce que ça à l’air simple, que faire un bon montage est facile.

Alors quel est le principe du montage ?

Chaque plan sur la timeline peut être raccourci ou allongé et le but c’est de mettre tous les plans collés les uns aux autre pour raconter une histoire. C’est simple.

  • Mais le tout c’est quelle portion d’un plan doit on garder ?
  • Quel type de raccord doit on faire ?
  • Est ce que le dynamisme de ce raccord est efficace ?
  • Est ce qu’on comprend ?
  • Est ce que c’est pas trop brutal ?
  • Est ce que c’est pas trop mou ?
  • Est ce que ce plan est pertinent, ne devrais pas le supprimer ?
  • Et cette séquence que je trouvais si bien, est ce qu’elle ne ralentit pas l’histoire, est ce que je ne devrais pas la supprimer elle aussi ?
  • Et ce plan que j’ai tellement galéré à tourner, ou qui m’a coûté si cher, est ce que je ne devrai pas l’enlever ?

Et parfois on se demande s’il ne manque pas des plans  :

« Qu’est ce que j’ai été bête de ne pas tourner ce plan ? Ah si j’avais su, j’aurai prolongé ce plan de quelques secondes !

Dans ce cas là, il peut arriver qu’il faille faire des plans supplémentaires, dans ce cas là, on mobilise de nouveau l’équipe, on trouve un peu d’argent pour financer ce mini tournage, et on filme ce ou ces plans qui nous font défaut pendant le montage.

4 – Après le montage

Le montage est terminé, mais pas ton film !

Il va falloir maintenant faire le montage son.

Tu vas passer ton film à l’ingénieur son qui va bruiter ton film, s’il y a du sound design, il va te le créer.

Il n’est pas impossible que la prise son n’a pas pu être parfaite à cause d’un aéroport à proximité, ou d’un type qui a voulu tondre la pelouse sur toutes les prises, dans ce cas là, un doublage sera nécessaire.

Ce sera l’occasion de revoir tes comédiens, et tes comédiens pourront voir un passage du film, ce qui est toujours sympa pour eux.

En parallèle tu vas pouvoir faire faire la musique de ton film.

Le compositeur va commencer à travailler sur la musique et une fois qu’elle est composée, et que les bruitages sont finis, tu vas pouvoir transmettre l’ensemble au technicien qui va te faire ton mixage.

Pendant que le mixage se fait, il est temps de sublimer ton image.

C’est le moment où l’étalonnage s’effectue, soit c’est ton chef opérateur qui le fait, soit c’est un étalonneur de métier qui travaillera sous ta supervision et celle de ton chef op .

Une fois que tout est en place, la belle lumière, le magnifique son avec la musique.

On peut considéré que tu as la première version de ton film, ce sera ce qu’on appelle : le master.

La version qui aura le maximum de qualité, toutes les autres étant des copies, seront forcément moins bonnes.

Il faudra donc bien sûr conserver religieusement cette version de ton film et faire des copies de ton film à partir de Master. Et maintenant que tu as ton master et des versions de ton film il est temps d’en parler et surtout de le montrer.

5 – Préparer la suite

Ton film est là, terminé, prêt à être montré.

C’est le moment de faire une projection de fin de tournage.

C’est à priori le dernier moment où tu reverras ton équipe avant le prochain tournage.

C’est pas vraiment comme une fête de fin de tournage, d’abord parce que de l’eau a coulé sous les ponts.

Certains techniciens et comédiens ne pourront pas venir trop occupés sur un autre tournage, c’est normal et c’est préférable.

Il faut bien travailler et une projection, même si c’est un bon moment,

ne doit pas prendre le pas sur le travail.

1 – C’est donc le moment d’organiser une projection, alors comment faire ?

Ca dépend pas mal de ton budget (ou de ton réseau) si tu as la possibilité, l’idéal est de louer une salle de cinéma (c’est possible et accessible surtout les matins, les dimanche, un jour de la semaine où il n’y a pas trop d’affluence.)

Si c’est trop difficile, il est possible de louer une petite salle et d’installer un vidéo projecteur.

L’idée c’est de valoriser au maximum ton film.

Il y aura bien sûr des petits fours et des boissons pour l’après tournage où les spectateurs pourront parler du film qu’ils viennent de voir.

2 – Faire tourner ton film dans des salles ou sur une chaine de télé

Certaines comme Arte ou France 2 acceptent de diffuser en fin de soirée des courts métrages.

Peu importe que peu de personne le voit, la télé c’est surtout pour le référencement et pour l’argent.

En effet ton film te rapportera de l’argent lors de la diffusion et il te permettra de créer une fiche wikipedia s’il est passé à la télé, et wikipedia en terme de référencement c’est très bien et c’est valorisant pour ton travail.

3 – les festivals

Il faut faire tourner ton film dans un maximum de festivals. Mais comme c’est fastidieux d’envoyer ton festival dans les milliers de festival qui existent, tu peux t’inscrire à des plateformes sur internet qui feront le travail à ta place.

Tu peux tenter Short Film Depot ou Film Freeway. Ce n’est pas gratuit, mais ce n’est pas hors de prix (entre 30 et 50€) et ces plateformes se chargeront de distribuer ton film dans la plupart des festivals.

Reste que ton film ne pourra pas participer à tous les festivals, et ce pour plusieurs raisons :

  • Il faut qu’il soit éligible, et pour des conditions de thème, d’histoire, de durée et d’année de production par exemple, tu ne pourras pas le présenter.
  • Pour une question d’argent aussi. Certains festivals sont très chers (200€ d’inscriptions ou plus) les prix bien sûr sont plus importants, mais clairement, faire une centaine de festival de ce genre, et c’est rapidement un budget important.

Voilà pourquoi la plupart des festivals auxquels tu te dois de participer sont les gratuits.

Les autres, il faut que tu envisages :

  • La récompense que tu peux gagner bien sûr,
  • Mais aussi les membres du jury qui seront à la projection, est ce que tu peux te faire remarquer par une de ces personnes qui pourront te permettre d’accéder à d’autre étape dans ta carrière.
  • Et enfin le dernier point auquel il faut être vigilant c’est si ce festival est reconnu par le CNC. (tu trouveras toutes les listes des festivals du CNC dans le lien.) C’est très important, parce que si tu es, ne serait ce que sélectionné, dans trois de ces festivals de catégorie 1, tu peux être éligible au CNC.

Et le CNC (Centre National du Cinéma) c’est la voie royale pour financer ton prochain film.

4 – Démarcher un producteur

Pour qu’il te finance ton prochain film. Mais cette démarche nécessite un article à lui tout seul. L’idée en gros est de faire un dossier pour vendre ton prochain projet à un futur investisseur et le but est de quoi qu’il arrive de :

Passer à un autre projet

Voilà, pour ces trois articles pour donner des clefs pour arriver à se débrouiller tout seul pour faire un film en partant de rien.

Bilan

couverture2J’espère que cet article vous aura plu, sans doute que ce guide gratuit vous intéressera  :

« Tout ce que l’école de Cinéma ne vous apprendra jamais »

(Et qui est pourtant essentiel pour réussir)

A quelle adresse souhaiteriez vous que je vous l’envoie ?

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